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COALESCE - "Ox"


1. The Plot Against My Love, 2. The Comedian in Question, 3. Wild Ox Moan, 4. Designed to Break a Man, 5. Where Satire Sours (instrumental), 6. The Villain We Won’t Deny, 7. The Purveyor of Novelty and Nonsense, 8. In My Wake, For My Own, 9. New Voids in One’s Resolve, 10. We Have Lost Our Will (instrumental), 11. Questions To Root Out Fools, 12. By What We Refuse, 13. Dead is Dead, 14. There is a Word Hidden in the Ground


Véritable institution du hardcore chaotique au même titre que Converge, Botch ou Breach, Coalesce avait été à l’origine du désespoir le plus profond lors de son démantèlement en plein vol après l’apparemment monumental Revolution In Just Listening en 1999. « Apparemment » car trop jeune pour mesurer l’ampleur de ce disque et des précédents -à 12 ans on a d’autres préoccupations… C’est donc en 2009, que je me lance dans la découverte de ce combo, alors qu’il célèbre tout juste sa reformation officielle.
Que penser donc de cet objet après un silence 10 ans, alors que des dizaines de fanges de metal newschool ont abreuvé l’industrie musicale ?

Et bien on peut tout d’abord affirmer que la bande de Jes Steneiger ne souffre aucunement du poids des années. Le décalage de l’âge permet en effet à Coalesce d’asseoir une dynamique singulière -chose ô combien précieuse en ces temps de copier/coller généralisé- ; Coalesce joue à l’ancienne école, ne déboule avec une efficacité impertinente tels The Dillinger Escape Plan ou Between The Buried And Me, mais fait parler l’expérience. Les idées fusent mais s’installent de façon plus sournoise, le groupe nous enfoui sous un amas opaque de riffs lancinants pour mieux nous semer lors des parties galopantes… et inversement. Il donne l’impression d’improviser, d’expérimenter en temps réel -le travail guitaristique de Jes Steneiger n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de Davide Tiso (Ephel Duath) dans sa recherche permanente et son utilisation de la polyphonie.
La production renforce ce sentiment, très âpre et rugueuse mais non dénuée de sensibilité, à la fois d’une densité Herculéenne et d’une légèreté Apollonienne, elle enrobe à merveille la rage de la formation pour en décupler un charisme de chaque instant. Ainsi, Nathan Richardson (batterie) oppose diamétralement son approche à celle Jes Steneiger (guitare) amplifiant des contrastes déjà prononcés. Ainsi, le premier, pratique un jeu très aéré, « touffu », puissant, lent et implacable avec une utilisation très mesurée de double pédale, un jeu à la cymbale omniprésent mais fondu dans le mix et une maestria que seuls des cogneurs tels que Danny Carey (Tool) peuvent se targuer de posséder. Jes Steneiger, lui, en petit génie qu’il est -le monsieur est thésard- développe des sonorités moins « terriennes », plus agressives, dissonantes en mouvance perpétuelle, scrutant continuellement la moindre idée permettant au maelström sonore pratiqué par le quatuor d’évoluer. Citons par exemple les riffs en tapping de « The Villain We Won't Deny » et de « By What We Refuse » instituant des pulsions hypnotiques et hallucinées apposées à des parties faisant office de pures mandales hardcore.

Si on gratte donc un peu, on découvre sans mal qu’intrinsèquement le groupe est pétri d’influences (constat encore plus flagrant avec les parties acoustiques divinement « Morriconiennes » de « Where Satire Sours », « The Purveyor of Novelty and Nonsense », « We Have Lost Our Will », « By What We Refuse » où la slide et les ponchos sont de sortie) s’érigeant à la confluence de Botch, Neurosis, Suno))), Dead Combo, Johnny Cash, Mastodon, Kylesa, Clutch, …
Dans ses moindres plans, le combo développe des idées savamment surprenantes. Auscultons par exemple « Designed to break a man » sorte d’accouplement contre nature entre rockabily et country grasse avec disto ; d’autres titres, tels que « Wild Ox Moan » (et son inaltérable ralentissement effleurant les cimes de l’insanité avant de vaciller sous les attaques aussi éclairées que syncopées de Jes Steneiger) ou « The Purveyor of Novelty and Nonsense », sont l’éloquent reflet de l’harmonie qu’imprime Coalesce à ses diverses aspirations.
Enfin, comment achever ce commentaire sans vous parler du timbre si rocailleux et arraché de l’ami Sean Ingram. Une voix houblonnée et nourrie au bourbon, quelque part entre Scott Kelly (Neurosis) et Barney (Napalm Death) -oui y à pire.



En bref, Ox, un album qui transpire, qui transmet, qui respire, qui sent le vrai, qui aspire sans sevrer...




Demisroussos81