||| Chroniques Et News De Tous Styles Musicaux |||


LEIDEN - "Dualité"



1-Another Skin, 2-Sense of Love, 3-Crazy, 4-Beware, 5-Sacrifice, 6-Chimera, 7-Une Autre Vie, 8-Psyché, 9-Toi? 10-Dualité, 11-Im Jenseits.

Le point de départ de l'aventure Leiden se situe en mai 2000, une année phare pour le groupe qui produit en juin sa première démo, "Songs In The Key of Dark". Ce titre énonciateur prépare à l'écoute de morceaux profonds, puissants par leurs textes et le son métal qui s'en dégagent. L'ambiance est posée, Leiden s'inscrit dans la veine métal sans se glisser complètement dans le moule préétabli que pourrait sous-entendre la formation du groupe. Le chant a beau être asssuré par Bérangère, dont la voix surprend par sa douceur, Leiden n'a de commun avec Lacuna Coil, Evanescence ou encore Theatre of Tragedy que son chant féminin. A contrario de ces groupes, Leiden offre un pannel de sonorités plus diverses qui se traduisent dans une richesse impressionnante de tons et d'influences. Auréolé de bonnes critiques, le groupe se taille dès lors une réputation de fer qui perce à la fois les plus métalleux d'entre nous, comme les plus délicats qui trouvent à Leiden des qualités d'envolées lyriques et une beauté classique indéniable. En 2001, le groupe s'autoproduit et sort son premier EP, qui sera suivi en 2003 de "Empty". Leiden est alors un groupe underground toulousain parmi les plus actifs et les plus appréciés de la région Midi-Pyrénées. En 2005 Leiden sort ainsi son album "Dualité", un bijou de rage et de douceur couplées dans un track-listing des plus étonnants.

Ce qui fait l'originalité de groupe s'explique en partie par l'incroyable polyvalence des compositions. Dans le morceau Chimera quelques notes de piano viennent compléter la beauté aérienne du morceau, tandis que ce sont des sons electro qui débutent le morceau Crazy. Par ailleurs dans le morceau Sacrifice, Béran nous surprend par l'emprunt au timbre vocal des chants religieux. La phrase "Ave maria, sancta maria, ora pro nobis pecatoribus" nous projette dans un latin archaïque qui repousse les limites du langage courant. On peut si l'on veut y voir une influence du rock/métal chrétien, genre qui définit d'ailleurs une bonne partie de la scène métal américaine. Le latin inséré dans des paroles anglaises nous emmène ailleurs et plus loin, annonçant une suite puissante et suave, comme d'habiles transitions instrumentales peuvent le faire. Derrière la voix de Béran, Ludo, David, Wil et Mat, respectivement guitariste, bassiste, guitariste/chanteur et batteur, forment des appuis instrumentaux solides qui ne brisent en rien l'harmonie des morceaux. Quand la voix de Wil résonne (comme dans Another skin par exemple), l'écho au death métal est immédiat, le grunt étant une technique vocale typique de ce genre, et même si certains s'amusent à définir le death grunt comme similaire au bruit d'un évier qui se vide, l'intérêt d'une telle voix dans le groupe fait sens, car quelle est cette mouvance dans laquelle Leiden nous propose de plonger? Il n'est pas nécessaire de parcourir le myspace du groupe pour comprendre que Leiden tisse avec ses morceaux un univers profondément gothique, qui justifie l'alliance de la Belle et la Bête, qui s'exprime respectivement avec les voix de Béran et de Wil. Ils chantent leurs déceptions avec une lucidité prenante, traitant de thématiques fortes en intérêt. Comme bon nombre de morceaux de "Dualité" Sense of love interroge les relations humaines tout en pointant du doigt les pièges et les dangers qu'elles contiennent, "You belong to me ... tout amour est perdu, la lumière s'éteint", ou encore dans Beware lorsque Wil chante par de lourds grunts "La peur torture ton être". Les sombres thématiques et les topoï gothiques se rencontrent ici avec intelligence, ce qui rend crédibles et appréciables les grunts présents tout au long de l'album. Les deux timbres de voix dialoguent dans une ambiance suave et céleste. Cette douceur apparente sert de support à des paroles acérées qui en fonction des morceaux sont chantées en anglais ou en français. La rage du métal, qui appelle à des images de head banging, n'en est pas moins absente. Dualité, Another Skin, Im Jenseits ont des introductions qui dérouillent sec les oreilles grâce à des enchaînés d'accords dignes des plus grands groupes de métal. On pense à Soulfly, à Metallica, et à tous ces groupes qui donnent envie de pogoter et de remuer la tête. On se régale à l'écoute de "Dualité", l'album est accompli, autant riche en émotions qu'en moments rageurs. Pour ceux qui connaissent Leiden, vous savez que le groupe s'est malheureusement séparé en juillet 2007, et pour les autres je pense qu'il fallait rappeler que ce groupe reste une référence de taille qu'il est vraiment bon de connaître et de faire tourner dans la chaine hifi. Il est toujours possible de se procurer les CDs du groupe via le Collectif Antistatic (entre autres), preuve que le groupe continue d'exister à travers leurs morceaux à défaut de continuer à faire des concerts. Toulouse a toujours proposé des groupes de qualité et Leiden est l'un d'entre eux.

Charlotte Noailles.

THE ROOTS - "The Tipping Point"


1. Star/Pointro 2. Duck Down 3. Don't Say Nuthin' 4. Boom! 5. Somebody's Gotta Do It 6. The Mic 7. Guns Are Drawn 8. I Don't Care 9. The Web 10. Stay Cool 11. Why?





Nous sommes en 2004. Le Rap, le Hip-Hop, le RnB s'en rappellent encore. Une période prolifique que 2004/05, qui verra le retour fracassant d'Eminem au devant de la scène avec son album "Encore", de son groupe D12, l'apparition du "Crunk" avec Lil' Jon (le fameux titre "Get Low"), J-Kwon et son hit "Tipsy", l'explosion de Beyonce, d'Usher, l'arrivée de The Game. Bref, une grande époque en effet. Cet engouement soudain pour un style en plein renouveau a été l'occasion pour moi, comme pour beaucoup d'autres, de découvrir un groupe pourtant dans le système depuis 1987: The Roots. Un titre m'accroche. "Don't Say Nuthin'". Urbaine, sombre, au groove particulièrement efficace, cette chanson fut le titre phare de l'album "The Tipping Point".

Pourtant, la coloration presque glauque, le côté franchement Rap US de ce single n'était pas représentatif du reste de l'album (au risque peut-etre de faire des décus). En effet, à l'écoute des autres titres, on distingue une batterie extrêmement naturelle et présente (plus que la basse et les machines qui dominent "Don't Say Nuthin'") , et les flows hallucinants des chanteurs, qui sont les composants majeurs d'un style en realité beaucoup plus old-school, beaucoup plus Hip-Hop que celui du titre dont le clip écumait MTV. Je ne fais pas partie des décus. Tout en finesse, mais tout en balancant ce fameux groove propre aux Roots, en jouant allègrement sur les rythmes (l'avantage d'avoir un batteur et non une boite à rythmes), sur les sonorités du piano, de la guitare folk, la musique m'a rapidement gagné. L'aspect parfois un peu "artificiel" du rap Américain est totalement absent de ce disque. Quelques titres marquants? Je serais tenté de répondre "tous", mais comment ne pas faire l'éloge des ghost-notes, scratchs et cuivres discrets qui alimentent la cadence effrénée de "Boom!", ou encore des refrains entêtants de "I Don't Care" et du très posé " Somebody's Gotta Do It". Chaque morceau est une claque, chaque morceau apporte son petit quelque chose à cet album accoustique qui remonte aux racines du rap et du Hip-Hop. Le style est proche de celui du MC Canadien K-OS, le funk et le reggae en moins.

Le rythme. Oui, finalement, c'est ce qui défini le mieux cette musique jazzy, empreinte de Soul, sincère, simple mais non simpliste. Et ce n'est pas qu'une fixation de batteur. La batterie est ici, juste apres le chant, l'instrument le plus présent sur "The Tipping Point". Il en crée toute la richesse.

Si vous aimez, comme moi, le Hip-Hop muli-instumental sous sa forme la plus dénudée et clairement taillée pour la scène, nul doute que ce groupe vous ravira les tympans! 

THE BLACK ZOMBIE PROCESSION - "Mess With The Best, Die Like The Rest"



1. Colder Than A Reptile 2. I Miss The Darkness 3. Hell's Infection 4. Toxic Punch 5. Almost Human 6. Nasty Stomp 7. You'll Rise Stronger From The Grave 8. Black Mark On Dark Uniforms 9. Bugs 10. Sheer Terror 11. I Found A Body In My Trunk 12. Satan Told Me To 13. Pitch Black 14. Serve The Public Trust 15. Poison Injected 16. Soul Dealer


Heheheeey les enfants, avec les fêtes qui approchent, un petit cadeau s’impose. Nasty Samy et l’une de ses troupes are back! Ok ca fait depuis quelques mois déjà, je l’avoue mais il n’est jamais trop tard pour ce genre de post! Allez, on se lève tous pour the Black Zombie Procession (« Daaanette, Daaanette »… je vous entends derrière vos écrans, je vous entends…)

Et ce retour est plus rock’n’roll que jamais, dans le style rock à la Marvel (groupe suédois, fans eux aussi des fameux « comics » américains du même nom). Pour ceux qui ne connaissent pas encore (!), The Black Zombie Procession est un des groupes majeurs de la vague horror-rock en France, avec les Flying Donuts et les Hellbats comme fidèles « side-kicks », et signent ici avec « Mess With The Best, Die Like The Rest » un album furieux au possible. Le visuel (par Ed Repka, également designer pour Megadeth, Necro, NOFX,…),- et par ailleurs de toute beauté-, est assez explicite quant a ce qui nous attends une fois la musique lancée. Si vous avez été un méchant hard-rock zombie, préparez-vous à une bonne claque façon G.I !

« 50% punk rock, 50% heavy rock : 666% zombie core » clament les flyers…et on peut dire que ca résume bien le style de nos compères.  Les rythmes et le chant sont plutôt punks, tandis que les guitares s’occupent de distiller une énergie heavy, saupoudrée de southern rock bien comme on l’aime. Mélange explosif s’il en est. Et 666% zombie core dans tout ca ??? Une fois ignorée l’impossibilité mathématique flagrante, accordons-nous une petite pause histoire de regarder la tracklist. On ne cherche pas de sens caché, on n’analyse rien, hein? Non non, juste un simple coup d’œil à la tracklist. C’est fait? Vooiiila. =) Et sinon, une petite écoute de « Sheer Terror » pour vous mettre dans l’ambiance.

Ca respire la bonne humeur et la joie de vivre donc, pourtant tout cela n’est pas aussi malsain qu’il n’y parait. D’accord on dirait une tracklist de Cannibal Corpse ou Iron Maiden, mais finalement on est beaucoup plus proche de la mouvance punk dans les paroles que les titres ne le laissent croire. Ca crache sur la guerre, on trouve un petit pic contre la religion de-ci de-là, rien de bien fou ou plus violent à ce niveau qu'un Sum 41 de "Does This Look Infected?". Le thème central restant bel et bien les zombies (he, normal!). Cependant la « pate » de The Black Zombie Procession, c’est surtout l’univers qu’il y a autour. Ils le disent eux-mêmes donc à priori je ne prends pas de risque, mais il s’agit bel et bien d’un groupe de geeks.* Alors attention de « geeks » oui, mais un type bien précis de geeks, de ceux qui vénèrent les bandes dessinées américaines et les vieux films d’horreurs des 70’s. En somme tout ce que l’on nomme la « culture B ».

* « Puissant et mélodique, fourmillant d’idées et de riffs rutilants, ‘Mess with the Best, Die lie the Rest’ est une ode à la culture bis et s’adresse aux vrais fanatiques de musique qui a du caractère et aux geeks obsédés par les univers fantasmagoriques ! » (biographie officielle sur www.myspace.com/blackzombieprocession)

On excusera ainsi le satanisme qui apparait par très légères touches, il est en fait très second degré. Ecouter The Black Zombie Procession, c’est vraiment comme regarder un film d’horreur. C’est « evil » au sens rock’n’roll, « evil » façon « Highway to Hell », mais jamais franchement satanique comme chez les doux Dimmu Borgir, les tendres Mayhem ou tant d’autres enfants de chœur. Et c’est tant mieux.

En fait, on se sent dans leur monde comme dans la caravane de Murdoc des Gorillaz. Autrement dit : plus ou moins en sécurité »… ;-)

"They're not done, they're not dead yet!"

Mwaha… mwahaha…MWAHAHAHAHAHA!!! :P

PUDDLE OF MUDD - "Come clean"



1-Control
2-Drift and die
3-Out of my head
4-Nobody told me
5-Blurry
6-She hates me
7-Bring me down
8-Never change
9-Basement
10-Said
11-P...it all away
12-Abrasive
13-Control (acoustic version)
14-Control (video).



Sorti en 2001, "Come clean" est le premier album du groupe et le meilleur à mes yeux, sans sous-entendre que les autres sont mauvais, bien au contraire. A l'heure où tout le monde ne connait du grunge que Nirvana ou Pearl Jam (de très bons groupes d'ailleurs), une présentation de Puddle s'impose. Le groupe se forme à Los Angeles en 1993 et se compose du chanteur/guitariste Wesley Reid Scantlin, du bassiste Douglas John Ardito, du guitariste Paul James Phillips et du batteur Greg David Upchurch. Les membres disent avoir été influencés par des groupes comme Pantera, Radiohead, Limp Bizkit ou encore Pearl Jam, un univers référentiel à la fois riche et hétérogène. Puddle of Mudd est pour moi un groupe inégalable dont tous les albums sans exception sont de petits bijoux. Ce groupe a été une révélation musicale de taille lorsque je l'ai découvert. L'accroche a été immédiate. En 2001, le succès que "Come clean" rencontre aux Etats-Unis est dû en partie au bouche-à-oreille de Fred Durst (chanteur du groupe Limp Bizkit qui signe le groupe sur son label Flawless), mais surtout grâce à une composition habile ralliant post-grunge, rock et punk. Si on cherche à définir le groupe plus précisément, Puddle of Mudd s'inscrit dans le mouvement grunge, au même titre que Pearl Jam ou Nirvana même si Puddle of Mudd est moins connu que ces derniers. Les paroles du groupe, à la nature souvent controversée, expliquent l'apparition du logo "Parental Advisory Explicit Content" et annoncent un contenu qui ne mâche pas ses mots, dans le sens où de nombreux thèmes sont abordés, et pas toujours les plus roses. Never change "Someone's always tellin me I'm no good, well I don't care what you say, someone's always, giving me a hard time, well I live day to day, someone's always puttin me in my place, like I don't know where I am, so I'll just sit here in the corner, without any direction". Blurry "Everything's so blurry, and everyone's so fake, and everybody's so empty, and everything is so messed up, pre-occupied without you, I cannot live at all, My whole world surrounds you, I stumble then I crawl". Out of my head "I'm so high, I'm never low, I'll hold the sky, and I'm never letting go, go...go...go...". Je vous invite à écouter attentivement les paroles, sans ça on se prive d'un élément essentiel du groupe. Sans tomber dans les lamentations, chaque morceau a sa couleur propre, parfois planant parfois violent, mais toujours grunge à souhait. Quant à la rage originelle défendue par le grunge, on la retrouve plus spécifiquement dans des morceaux comme Basement, Said, Control.

L'ambiance musiciale que "Come clean" révèle se définit dans une rage duplice, berçant par des hymnes planants le refus et l'appel de la transcendence sous toutes ses formes, (Said "everyone around me smoking crack, this tunnel is blinding"). Un morceau comme Abrasive dérouille sec au départ pour se calmer et laisser à nos têtes le loisir de s'évader, pour ensuite redémarrer tout en force. Tout ça porté par la voix de Wesley qui ressemble, il faut le dire, à celle de Kurt Cobain, Puddle of Mudd est un groupe abouti qui s'inscrit dans la veine grunge de nos grands classiques. Si vous connaissez par coeur les albums de Nirvana ou de Pearl Jam et que vous cherchez un groupe d'une qualité équivalente ou presque, Puddle of Mudd est pour vous. En écoutant "Come clean" on s'assure un moment fort avec des compositions originales et énergiques. Maintenant à savoir s'il faut classer le groupe dans le rock ou dans le grunge, c'est un dilemme. On parle plutôt de mouvement grunge, donc cette affiliation mise à part, Puddle of Mudd est un groupe rock (avec toutes les variantes que ce genre contient lui-même) même si pour être tout à fait précis, il faudrait dire rock/post-grunge. Bonne écoute!

Charlotte Noailles.

CHEVELLE - "Wonder what's next"

1-Family System
2-Comfortable liar
3-Send the pain below
4-Closure
5-The Red
6-Wonder what's next
7-Don't fake this
8-Forfeit
9-Grab thy hand
10-An evening with el diablo
11-One lonely visitor


Chevelle est né en 1995, de l'initiative de trois frères, Pete, Sam et Joe Loeffler. Après 3 ans et demi de concerts, le groupe signe son premier album, "Point #1" (sorti en 1999). Leur son sonne clairement rock, et s'inscrit logiquement dans ce genre. Parfaitement inséré dans le paysage musical américain, Chevelle sort en 2002 son deuxième opus, "Wonder what's next". Cet album confirme le potentiel musical du groupe qui, même s'il reste fidèle au rock originel du 1er album, se définit davantage par des influences "metal". Les initiés parlent alors de "nu-metal" ou de "rock alternatif" pour définir l'évolution du groupe. Avec "Wonder what's next", le groupe originaire de Chicago, conquiert l'ensemble des Etats-Unis. Les radios passent The Red, Forfeit... Les ventes d'albums décollent. La réserve de "Point #1" a laissé place à des morceaux qui dérouillent et sur lesquels les fans peuvent se déchaîner et remuer la tête. Quant à leurs concerts, ils sont envahis de pogos enfiévrés. Et pourtant, en 2002 en France, le trio est tout simplement inconnu du grand public (ou presque, salutations aux autres chevelliens). Pete, Sam et Joe Loeffler, respectivement chanteur/guitariste, batteur et bassiste, n'évoquent rien à personne. Les grandes vedettes des States sont alors Linkin Park ("Hybrid Theory" en 2000) ou encore Green Day, mais pas un mot à propos de Chevelle. A label différent, parcours différent. Probablement, mais reste que la presse est redondante et que la diffusion des groupes tourne en rond, on parle toujours des mêmes. Je ne découvre Chevelle que fin 2002 via un site internet. Le choc est immédiat, je deviens immédiatement une Chevelle addict. Ainsi, lorsque l'import "Wonder what's next" arrive chez moi, c'est l'événement. Le son monte, l'album commence doucement avec Family System, des murmures accompagnent l'introduction, mais très vite les musiciens s'enragent que le chant de Pete vient renforcer. Celui-ci a une voix au timbre très particulier, profond et aérien, je dirais même onirique.

Le groupe propose une ambiance en constante mutation, ce qui en fait d'ailleurs tout son intérêt. La composition classique guitare/basse/batterie nous offre pourtant un panel de sons des plus intéressants, des envolées quasi lyriques de Pete à la manifestation féroce des instruments, de la ballade acoustisque One lonely visitor à des morceaux plus métal comme Forfeit ou Comfortable liar, dans lesquels le chant hurlé dépote un max, le résultat est brillant. Dans An evening with el diablo le chant rappelle le côté "rock alternatif" du premier album où chuchotements et bruits de respiration assurent avec douceur les transitions habituellement assurées dans de nombreux groupes par de doux accords de guitare. Les morceaux de Chevelle dépotent, non pas tant par la violence des riffs et de la batterie, mais grâce à la tension qui va crescendo tout au long des morceaux. L'exemple phare en est le morceau The Red. Le chant clair abandonne à de nombreuses reprises le calme pour s'aiguiser dans un chant hurlé réaffirmant les influences métal du groupe. A cette richesse instrumentale et vocale s'ajoute l'intérêt des textes en eux-mêmes. Pete chante des paroles riches de sens, tour à tour support d'expression d'une voix excédée par la violence des sentiments, par la déception mais aussi l'appel à une extériorisation brute et sonore. C'est l'abandon de la douleur que prône le groupe. Les riffs rageurs expulsent toute morosité dans des morceaux fins et énergiques. Avec eux, la musique est surtout le moyen de se défaire de préoccupations dérisoires pour se laisser emporter dans des atmosphères enivrantes. Le rock/métal de Chevelle s'affirme dans la rage mais aussi dans la méditation. Un groupe metal qui médite... Eh oui, justement! L'éclectisme de "Wonder what's next" me charme les tympans, oscillant entre une violence dénonciatrice et un lyrisme de l'espérance, comme dans Comfortable liar ou Grab thy hand. L'album est culte à mes yeux car c'est l'un des groupes qui m'a donné envie d'apprendre la guitare électrique. Merci à eux. A ce jour, le groupe a déjà concocté quatre albums, avec une modification quant à un des membres du groupe: Joe Loeffler (basse) a été remplacé par Dean Bernardini en 2005. Maintenant, il serait sympathique de leur part de faire une tournée en France, mais pour cela il faut une bonne communauté de fans. A vos écouteurs!

Charlotte Noailles.

GENGHIS TRON - "Board Up The House"



1. Board Up The House 2. Endless Teeth 3. Things Don't Look Good 4. Recursion 5. I Won't Come Back Alive 6. City On A Hill 7. The Whips Blow Back 8. Colony Collapse 9. The Feast 10. Ergot 11. Relief


“Board Up The House” est à l’image de son artwork. Intriguant, complexe, mais agréable et varié. On notera également « beaucoup moins bourrin que ses prédécesseurs ». Il reste énormément de violence bien entendu, le chaos maitrisé restant la spécialité de Genghis Tron. Pourtant contrairement à ce que l’on peut parfois penser à la première écoute (j’ai d’ailleurs été tout autant coupable que n’importe quel profane lors de mes premiers pas dans cet univers psychédélique), la musique des Philadelphiens n’est pas dénuée de sens. La beauté, la création inspirée, abondent  bel et bien derrière l’apparence un peu rugueuse de la musique de Genghis Tron. Mais au fond comment la définir vraiment, cette musique?

Du petit rythme mignonet au charleston qui ouvre l’album, avec ses faux airs de river dance, aux agressions sauvages et clairement d’esprit « rock’n’roll » de « Things Don’t Look Good » (qui finit en metalcore), on ne sait trop quoi penser. Et encore, je ne m’étends pas sur les volutes post-rock de « Relief », ni sur le rock a forte teneur en samples façon "Sessions" de Linkin Park (ex : sur « Recursion » pour ne citer qu'elle) qui représente un bon tiers de l’album, ou peut-être un chouia moins. Exit également de mon propos le grind s'appaisant pour des sino-instrumentations sur « City On A Hill » ou le hardcore moderne de « Endless Teeth », les strings fantomatiques au pitch bend de « The Whips Blow Back », ou ceux fortement déformés aux consonances Irlandaises (oui oui !) de « Ergot ». D’aucuns diraient que c’est un patchwork, et même s’il y a du vrai là-dedans (la variété surprenante de sonorités), c’est terriblement réducteur, et d’un péjoratif que nos chers Mookie Singerman, Michael Sochynski et Hamilton Jordan ne méritent pas.

Cybergrind, death, metal, noise, doom, experimental, hardcore, rock, electro, industriel... finalement qu’importe les labels, on ne pourra pas décrire « facilement » -ne serait-ce que parce que c'est mission impossible- de la musique intelligente à ce point. (Non pas que j’aie la prétention d’écrire ma chronique aussi intelligemment qu’eux écrivent leurs compostions, loin de là!)

Il faudrait presque se dire – pour bien l’apprécier - que cette musique au fond n’en est pas. On pensera plus volontiers à des paysages, à  des couleurs, à des émotions pendant l’écoute, qu’à de la musique « brute ». Je ne sais pas si ca vous le fait, si c’est une généralité, mais c’est exactement le genre de truc qui me mets en transe, ou presque (lol je me fais presque peur à la relecture). En tout cas on n’écoute pas Genghis Tron comme on mange un sandwich. C’est typiquement ce genre de musique qui donne l’impression d’être une éponge jetée à l’eau. L’on explore, l’on s’imprègne d’un véritable monde virtuel (et l’on remarquera d’ailleurs que cette œuvre fait souvent penser a du « Nintendocore » dans ses structures), tout comme l’on perd son regard dans un tableau. Les ambiances sont intenses, les morceaux complexes et originaux. Oui, decidement ca fait quand meme assez penser à de la musique de jeux videos "old school".  Tout est recherche, voyage aussi. Si vous êtes un peu artiste, -ou même complètement- (ce qui n'est pas mon cas), et que vous cherchez quelque chose à vous mettre entre les oreilles comme source d’inspiration…n’hésitez plus: cet album est pour vous!

3 membres suffisent à créer les steppes, vallées et déserts, les montagnes, océans, et métropoles congestionnées de ce « Board Up The House ». C’en est difficile à croire tant c’est réaliste. Sans batteur, le groupe s’en tire merveilleusement bien avec une boite à rythme, et quand c’est programmé comme ca (dynamiques, polyrythmes), on ne peut pas dire que l’absence d’une « vraie personne » soit une perte. Toutes les programmations sont superbes. Ca change constamment (que ca soit d'un plan, d'un genre ou d'un instrument a l'autre), ca évolue, on sent que tout cela est vivant. Djious de djious, parfois on se demanderait même si les premières machines à se rebeller contre le genre humain ne seront pas celles qui dorment chaque soir dans leur studio de Pennsylvanie. (Et non pas en Californie, n’en déplaise a certains ^^)  A surveiller de très près donc, vous l’aurez compris…

Un album coup de cœur pour moi, un groupe coup de cœur! Ca vous ouvre les chakras pour mieux les ramoner à la pelleteuse! Je ne sais pas comment vous le dire autrement, si vous ne vous mettez pas cette tuerie dans le « mange-disque » -au passage je hais cette expression- vous allez passer à côté de quelque chose de formidable. Si certains se laissent pousser par des individus malveillants à prendre des drogues dures « parce qu’il faut tout essayer au moins une fois avant de mourir », alors je prends le pari de ressortir ce même argument pour tenter de vous convaincre. Les dégâts en moins. Le plaisir ici, je vous en fais la promesse, sera pour vous, et votre ami votre cher cerveau, indéniablement constructif.

RADIOHEAD - "In Rainbows"




S'il est bien une formation musicale qui a influencé ma vie, c'est bien celle de cinq gars d'Oxford plus connus sous le nom de Radiohead. Quoi de plus évident que d'écrire ma première cyber-pige sur leur dernier album.

In Rainbows, disponible depuis le 10 Octobre 2007, est le septième album studio du groupe. Et il est tout aussi inclassable que les précédents; Radiohead oscillant entre le rock, l'electro le plus pur et des vagues trip-hop...
Néanmoins, à la différence des autres, celui-ci possède une histoire qui a fait beaucoup de remous dans le monde de la musique.


Chronique d'un album pas comme les autres :
Nous sommes à la fin de l'été 2005, Radiohead vient de terminer la tournée du sombre et mystique Hail to the Thief; le groupe retourne alors en studio bosser de nouvelles compositions (travail déjà entamé en Février). Pour l'occasion, un blog (Dead Air Space) est fondé, il permettra de suivre pratiquement au jour le jour la progression de l'enregistrement. Jusqu'ici tout va bien. Oui mais...
Mais voila, si le temps compose les saisons, le groupe lui, ne compose rien de satisfaisant. Avril 2006 : Radiohead sort de studio sans leur nouvel album ! Panique chez les fans ! Les rumeurs les plus folles balayent la toile, et l'annonce de The Eraser, l'album solo de Thom Yorke (chanteur du groupe) vient mettre de l'huile sur le feu. Ce dernier tente de rassurer les fans en déclarant que son album solo ne fait qu'aller dans le prolongement du groupe et qu'en aucun cas il ne s'agit de casser le quintet.
1er Octobre 2007 : Jonny Greenwood (guitariste) annonce via leur blog que leur nouvel album sera disponible online sous dix jours et qu'il se nommera In Rainbows, mieux que ça, il rajoute que le prix de l'album sera laissé libre au jugement de chacun. Oui, vous pouviez vous le procurer pour 2€ comme pour mil ! L'annonce réveille l'industrie du disque. Car si l'on s'attendait bien à la sortie imminente de l'album (l'essentiel des pistes traînaient sur le Net depuis des mois, comme 15 Steps, Bodysnatchers, All I Need, Weird Fishes/Arpeggi, Jigsaw falling into Place -déjà jouée depuis quelques tournées sous le nom d'Open Pick- ainsi que Nude -datée de l'époque Ok Computer et remaniée pour l'occasion- ou enfin Videotape) oui, si l'on s'attendait à cet opus, ce qui nous a tous mis sur le derche, c'est de pouvoir en disposer quasi-gratuitement (hmmm, dois-je avouer à quel prix je l'ai payé ? ^^). Qui plus est, en proposant In Rainbows via leur blog, Radiohead se dédouanait définitivement d'EMI, son ancien label et prouvait au monde que des groupes notoires pouvaient très bien se passer de quiconque pour vendre leur musique différemment.
Histoire de permettre aux fans ne disposant pas d'Internet d'acquérir In Rainbows, un accord avec XL Recording donna la possibilité à tous de se faire plaisir chez son dealer de zik' favori dès Janvier 2008. On notera qu'une version double CD collector était disponible, toujours via Dead Air Space, livrée avec deux vinyles bonus et un packtage aux petits oignons pour le prix de 60€ (sic), le tout se revendant aujourd'hui pour 150€...
Ok Camarade, c'est bien beau tout ça, mais cet album, il donne quoi ?

Bien, ce double CD diffère beaucoup de ce que le groupe nous a déjà transmis par le passé. Tellement que la première écoute peut se révéler décevante tant il propose ses sonorités propres et, plus marquant, une ambiance calme. Si chaque album de Radiohead a sa propre atmosphère, celle de In Rainbows se distingue de mélodies très posées. Trop parfois, et l'on avouera sans mal que House of Cards, Videotape, Mk I et Down is the new up sont plus plates que posées. Seules Bodysnatchers, Jigsaw falling into Place et Bangers & Mash (chanson justifiant à elle seule l'achat du second CD : je me souviens encore de l'électrochoc qu'elle constitua au concert de Nîmes le 14 Juin) décollent véritablement. L'aspect serein, tranquille et hautement mélancolique peut être déstabilisant lorsqu'on a l'habitude, en écoutant un album de Radiohead, d'y trouver moult hits dès la première écoute. Effectivement, il faudra certainement revenir et revenir encore à celui-ci pour le savourer pleinement. J'espère aussi que vous ne comptez pas acheter In Rainbows en format CD unique car en ce cas, vous disposerez d'un album très court comparé aux anciens (seulement dix pistes). Un album un peu moins rock, plus mélodique et nostalgique; mais s'il est loin d'être mon album favori du groupe il en demeure un des meilleurs de l'année 2007, et sa place de n°1 aux charts anglais et français lors de sa sortie en CD ainsi que le succès de leur tournée mondiale (qui vient de s'achever) feront sûrement taire les plus dubitatifs fans de la première heure...



In Rainbows I.

1. 15 Steps 2. Bodysnatchers 3. Nude 4. Weird Fishes/Arpeggi 5. All I need 6. Faust Arp 7. Reckoner 8. House of Cards 9. Jigsaw falling into Place 10. Videotape

In Rainbows II.

1. Mk I 2. Down is the new up 3. Go slowly 4. Mk II 5. Last Flowers 6. Up on the Ladder 7. Bangers & Mash 8. Four Minutes Warming

ZERO ABSOLU - "Du vide au néant"


1-A l'aube, 2-Ouverture des sens, 3-Petite berceuse, 4-Tuer parfait, 5-Pas âgés clandestins, 6-Caresser l'indicible, 7-La sève ne coule plus, 8-Noir étincelant, 9-Plonger, 10-Il déserte, 11-Spectacle de clowns, 12-Vie d'ordure, 13- Réveil de bonheur, 14-Ode à la sérénité, 15-Au centre de la lune, 16-Artriste? 17-Folie douce, 18-Des parts de nous, 19-Les faits blessent, 20-Abuela, 21-Mourir de fin



"Du vide au néant" est le premier album de Zero Absolu, et plus précisément de Nak qui s'occupe à lui seul de la composition et des instruments. Sorti en septembre 2007, l'album jette un regard actuel sur la société et ses défauts. Zero Absolu propose ainsi un univers musical à la fois intimiste et violemment engagé. Derrière la beauté d'un rock aérien, le réquisitoire glacial contre l'égoïsme s'enclenche et se répète au fil des morceaux, pourtant sans en irriter l'oreille, celle-ci compatissant à ces criantes vérités. Dans Il déserte, on entend MiLKa dire que "la différence entre les gens est sûrement dans le temps qu'on y passe". Les non-dits éclatent en une poésie hybride, à la fois musicale et sociale. Le monde, les hommes et leur société, tout cet ensemble de corps physiques ou institutionnels est imparfait. Les silences ne sont plus. Tout en nous offrant un rock atmosphérique et expérimental, chaque morceau devient le micro de plusieurs voix, d'hommes, de femmes et même d'enfants. Le chant laisse souvent place aux monologues, aux discours, ou encore à la dispute d'un couple dans le morceau Spectacle de clowns. Les dangers de la télévision, l'indifférence, les lois égoïstes de chacun, le capitalisme, la solitude, "la prison intérieure" (Ode à la sérénité). La peur de l'avenir transparaît dans des discours incisifs, notamment sur l'échec de l'écologie, thème largement évoqué dans Vie d'ordure: "aucune espèce animale ou végétale, aucune race quelconque n'aura été aussi nuisible pour la nature. Seul l'homme est capable de détériorer son environnement pour son seul confort, et cela sans remords. Son égoïsme a atteint un point de non retour. Pourquoi l'écologie est-elle considérée comme la science des rêveurs et non des réalistes?". La voix de Nak résonne ainsi dans une forme de désespoir verbal que viennent appuyer les instruments aux notes planantes, melting pot de rock/electro, de piano parfois, de cacophonie ambiante due à la superposition de cris, de paroles, de murmures.

Intriguée par le nom de Zero Absolu, je découvris que le zéro absolu est le terme qui désigne la température la plus basse qui puisse exister dans l' univers. Nak fige les émotions dans des instants types, des temps de nostalgie, de haine, de déceptions et d'espoirs, et cela en partie grâce à la participation de nombreux guests. Sur les 21 morceaux de l'album, 11 ont été composés avec l'aide de personnes extérieures. Cette polyphonie verbale et instrumentale donne aux morceaux la puissance d'une violente berceuse, entre une musique d'ambiance et un micro rageur. La musique de Zero Absolu propose un choc entre la douceur prédominante des instruments et une puissante cacophonie d'arrière plan. "Du vide au néant" est un album rythmé par des morceaux envoûtants, une musique engagée derrière laquelle la voix sociale résonne sans cesse. Dans Pas âgés clandestins, on entend une jeune femme terminer le morceau par ces paroles: "La question que je te pose c'est si moi je te dis, j'ai de l'énergie à revendre mais je ne veux pas la vendre n'importe comment et je ne veux pas la vendre à n'importe qui, est-ce que tu me dis que je suis une adolescente irresponsable ou est-ce que tu me dis que je suis une adulte?". La musique n'est plus seulement émotion, elle est l'expression d'une voix libre, celle d'une prise de conscience qui pousse à accepter ce regard cynique mais réaliste sur le monde. Se prendre une claque n'a jamais fait de mal à personne tant que celle-ci sert à faire bouger les choses. J'aime beaucoup Zero Absolu, à écouter toutes ces voix bercées dans la musique, on croirait presque qu'il y a là assez de personnes pour le changer vraiment, le monde.
D'ailleurs, Zero Absolu fait un concert le vendredi 28 novembre au Phare à Lyon.

Charlotte Noailles.

BLACK LIGHT BURNS - "Cruel Melody"


1-Mesopotamia
2-Animal
3-Lie
4-Coward
5-Cruel Melody
6-Mark
7-I have a need
8- 4 walls
9-Stop a bullet
10-One of yours
11-New Hunger
12-I am where it takes me
13-Iodine sky






"Limp Bizkit est mort, vive Black Light Burns!". C'est ce qu'aurait fièrement proclamé Wes Borland, guitariste de Limp Bizkit, en quittant définitivement le groupe en 2004. Désormais, Black Light Burns peut sortir de l'ombre du groupe de rap/neo metal.

D'abord relégué au statut de side project et ignoré des critiques et du public en général, Black Light Burns se construit une réputation qui atteint son paroxysme en 2007 avec la sortie du premier album du groupe, "Cruel Melody". Sa sortie aux Etats-Unis fait l'effet d'une bombe sur les fans de Nine Inch Nails et A Perfect Circle, puisque les fans avertis savent que Black Light Burns est aussi composé de Danny Lohner, guitariste de Nine Inch Nails, et Josh Eustis batteur de A Perfect Circle. A eux s'ajoute Josh Eustis qui nourrit le groupe de touches electro, ce dernier étant également musicien au sein de Telefon Tek Aviv.

En réunissant ce beau monde, Wes Borland s'assure une composition de qualité. "Cruel Melody" ne déçoit pas, c'est un album hybride d'une qualité rare dont on apprécie les vertus. Les morceaux vous font littéralement décoller. Entre rage et mélodie céleste, la voix de Wes Borland décroche l'âme pour l'éléver dans des textes à la fois grinçants et accrocheurs. La terreur s'exprime dans le chant par la récurrence du thème de la chair, chair destinée à mourir ou souillée par les émotions humaines. Dans Stop a bullet, le chanteur arrache une plainte à la fois glaciale et suave dans laquelle il confesse le plaisir qu'il a à observer la souffrance des autres. La cadre est posé, le mal être se définit ici par une constante déception vis à vis des rapports humains. Le titre Lie commence calmement, laissant la plupart des instruments au second plan pour laisser au synthé et au chant le soin de poser l'atmosphère, jusqu'à ce que les riffs rageurs du refrain ne prennent la relève avec le chant qui réveille par sa violence. Quand au premier morceau de l'album, Mesopotamia, il obéit au même schéma, composé de ruptures dans lesquelles s'enchaînent des transitions mélodieuses qui finissent par exploser dans des riffs accrocheurs. Le son de Black Light Burns, puissant et incisif, marque durablement les tympans, ce qu'illustre parfaitement le morceau The Mark.

A l'écoute de l'album, la lassitude crève, l'envoutement est total, confirmant le pouvoir transcendant de Black Light Burns. Entre accords en arpège et riffs puissants, guitare acoustique et guitare/basse saturées, les influences rock/métal et electros se mêlent à une pop des plus singulières, une pop torturée aux métamorphoses constantes, et ce qui est appréciable c'est que le chant n'est jamais hurlé/saturé, ça change du bourrin de base. Quant au morceau 4 walls, il nous donne l'impression d'être enfermé dans une prison délectable ou un hôpital psychiatrique paradoxalement agréable. Les morceaux comportent tous leurs touches d'originalité qui font de "Cruel Melody" un album aux antipodes de la redondance. "Cruel Melody" est un caméléon, un album unique et véritablement novateur. Disponible en France depuis cette année, que dire de plus, faites-vous plaisir!

Charlotte Noailles.

AC/DC - "Let There Be Rock"




1."Go Down" 2."Dog Eat Dog" 3."Let There Be Rock" 4."Bad Boy Boogie" 5."Problem Child" 6."Overdose" 7."Hell Ain't a Bad Place to Be" 8."Wholle lotta rosie"

Produit par Vanda & Young, publié en mars 1977.

Line up : Angus young (guitare), Malcom young (guitare rythmique), Bon Scott (chant), Phill Rudd (batterie), Mark Evans (basse)

Le miracle d'AC/DC, en ce printemps 1977, tient en l'exceptionnelle productivité du groupe : trois albums réalisés en à peine plus d'un an.
Le groupe crache tout ce qu'il possède, et Let There Be Rock rassemble toute l'énergie qu'il pouvait donner .

Let There Be Rock est le premier véritable "classique" du groupe, comportant l'hymne live Let There Be Rock (et le premier solo "longue durée" d'Angus Young, en état de grâce), Dog Eat Dog ainsi que l'énorme Wholle Lotta Rosie et son riff saignant.

D'autres titres possèdent une force de persuasion unique, et seront également des perles des futurs concerts du groupe : Bad Boy Boogie ou Hell Ain't a Bad place to Be.

Même un titre lent comme le tristement prémonitoire Overdose s'insère parfaitement dans le track-listing de rêve de cet album, qui figure toujours dans les meilleures places des classements des albums ayant marqué l'histoire du rock.

OASIS - "Dig Out Your Soul"

2008 est l'année d'un grand retour. Il s'agit d'oasis. Partiellement oublié ou considéré comme «has-been», dans les médias français, oasis revient avec un nouvel album qui les relancent en haut de l'affiche avec des ventes spectaculaires. En effet 89 434 exemplaires se sont écoulés le jour de la sortie du cd le six octobre. Ils accèdent aux top des places les plus convoitées des artistes ayant réalisés le plus de ventes dès le premier jours de sortie d'album. Dig out your soul est le titre de ce septième album.

A première vue la pochette est différent de tous ce qu'on a pu voir de ce groupe. Dans un genre assez abstrait, avec tout un mélange d'éléments faisant références aux thèmes évoqués dans leurs chansons. L'on peut constater au milieu la prédominance de cette bombe entre les mains, l'eau, une sorte de cimetière, le thème de l'espace et de la religion. A l'interieur du livret tout est aussi d'une beauté étrange. Beaucoup de recherches créatives que l'on peut voir comme un changement de direction que veux prendre le groupe.

Les chansons sonnent bien plus groovy qu'auparavant.
Le plus marquant est la chanson i'm outta time qui est écrite et chantée par Liam Gallagher. Chanson étonnament calme. Sa voix paraît douce, reposé, ce qui fait taire toutes ces rumeurs sur le changement de voix de liam jugé trop nasale suite à sa prestation lors des brits award 2007.
Elle pourrait faire penser à une chanson de John Lennon, empreinte de nostalgie, de voluptée...
the shock of the lightning est sans doute la chanson phare de cet album. Les premières notes font vibrer l'âme de plaisir. Très rock'n'roll, on retrouve l'essence même d'Oasis, une sensation de retrouvailles avec le premier album definitely maybe. A noter ici la remarquable prestation solo de batterie de Zack Starkey qui ne fait malheureusement plus parti du groupe.
High horse lady est une chanson digne d'un film western. On se retrouve transporté dans une autre époque.
Falling down est une bonne surprise. En effet Noël chante parfaitement bien cette chanson très mélodique avec une sensation d'etre dans l'espace avec Noël lui même. Ce titre existe aussi en version remixé par les chemical brothers.
Bag it up est du très bon rock rebelle, pas mal routard dans le genre.
The turning est une nouveauté majeure. Une chorale puissante est là pour renforcer la chanson . Elle se retrouve mélodique et tout en force.
Waiting for the rapture est un peu décevant il faut bien l'avouer car trop répétitif, peu d'accord mais le tout reste cohérent et est donc écoutable.
To be where there's life est remarquable. Un mélange psychédélique avec de la zen attitude et du groove. C'est un véritable ovni musical bon pour nos oreilles.
The nature of reality est psychédélique à souhait, entrainant un charme sensuel...
ain't got nothing la deuxième pépite de l'album où l'on retrouve la voix rocailleuse de Liam qui nous rappelle l'album précédent « Don't believe the truth » en 2005 avec la chanson «the meaning of soul »
soldier on est une petite déception, titre trop mou à mon goût même si la mélodie est présente.


En conclusion, cet album est un petit bijou, sans doute l'un des plus attendus et réussi de l'année.
Je metterai une note de 18 sur 20 .
Il est de loin le meilleur qu'ils ont pu faire. En effet après les deux premiers cd, Oasis a perdu de sa fraicheur sans doute du fait de l'excès de drogues, alcool et de rivalités entre frères.
« Heathen chemistry » en 2002 fut un peu plus à la hauteur avec certaines bonnes chansons et « Don't believe the truth » en 2005 marquait leur retour dans la cour des grands. Aujourd'hui fini la drogue, les disputes, Oasis revient dans les starting blocks avec cette merveille et se murmure que les chansons du futur album d'Oasis seraient déjà écrites. Décidement Oasis ne perd pas de temps .. et tout ca pour notre plus grand plaisir.

Keep mad for it
Angy.

THE DILLINGER ESCAPE PLAN - "Ire Works"


1. Fix Your Face 2. Lurch 3. Black Bubblegum 4. Sick On Sunday 5. When Acting As A Particle 6. Nong Eye Gong 7. When Acting As A Wave 8. 82588 9. Milk Lizard 10. Party Smasher 11. Dead As History 12. Horse Hunter 13. Mouth Of Ghosts 


Beaucoup de mystère à propos de ce nouvel album des Dillinger Escape Plan. Sorti en 2007, il pourrait tout aussi bien etre daté de 2027 tant il représente une grande évolution. Cet album est un album concept. Je ne vous expliquerais d'ailleurs pas ce dernier, il serait bien plus sympathique pour vous de prendre part à la recherche d'infos sur cet album intriguant.

Parlons donc de musique. Ca défouraille toujours beaucoup, ca on ne pouvait pas y couper, et c'est tant mieux. "Fix Your Face" pourrait avec aisance obtenir le titre honorifique de "Panasonic Youth" d'Ire Works. Ca défonce dans tous les sens, ca saute, ca hurle, enchainant les plans de fous. C'est typiquement le genre de chanson ou on se sent tellement bien après qu'on doit faire une petite pause pour savourer et apprécier ce que l'on vient de vivre. On rappuie sur play. Deuxième baffe monstrueuse: "Lurch". On commence à se demander si cet opus a complètement renié les parties plus "soft" que "Miss Machine" avait introduites chez DEP, leur valant un franc succès. Que nenni, qu'on se le dise, Ire Works est un album de contrastes. Mais de contrastes entre les pistes. Peut-etre que ceci tient au fait que comme tout album concept, cet opus doit etre pris comme un ensemble. Cette fois le plan de fuite a décidé d'explorer ce coté rock péchu plus accessible en lui consacrant des pistes entières, par ailleurs complètement tubesques. ("Black Bubblegum" , "Milk Lizard", "Dead as History"). 

Arrive la 5ème piste, à laquelle on découvrira plus tard que la 7ème fait écho. Décidément se dit-on alors, ils n'ont pas fini de nous surprendre. Au risque de perdre les derniers fans qui voulaient un retour complet aux sources enflammées de "Calculating Infinity", DEP nous balance des sortes de sessions, assez aériennes et pleines de samples, de rythmes dérangés. Apres tout Chris Pennie, désormais ex-batteur des Dillinger, est également un spécialiste de la musique électronique. C'est jouissif.

A l'écoute des pistes "Nong Eye Nong" et "Party Smasher", aussi géniales soient-elles, on a pourtant un petit moment de doute: auraient-ils complètement perdu leur capacité a contraster chaque piste individuellement? Là encore non, et "Horse Hunter" aura pour effet de démontrer à ceux qui l'auraient oublié, que ces musiciens-là sont au sommet de leur art, capable de tirer des lessons de ce qui a fait leur succès tout en évoluant.

Ces hommes sont des monuments, des pionniers, des aventuriers, des explorateurs. Ni death, ni vraiment grindcore, ni metal, leur musique est à part. Hardcores dans l'ame, c'est indéniable, ils sont pourtant très loin des références en la matière tel les monstreux Converge. 

The Dillinger Escape Plan est une référence à part entière.
 
Finalement, c'est à travers la plus drastique des mutations de leur musique qu'en 2007 ils nous ouvrent les yeux. Leur musique en elle-meme n'est pas la cause essentielle de leur succes. C'est toute leur approche de la musique, cette volonté de constamment mettre à plat leurs envies toujours grandissantes d'éclectisme pour surprendre, choquer, et continuer de faire avancer le petit monde du métal extreme qui leur a permi de tirer leurs épingles du jeu.

Une fois de plus, ce groupe nous sert un album passionant à écouter, sur lequel on peut tout aussi bien passer des heures à danser et pogoter, qu'à analyser l'incroyable maitrise qu'ils ont de leurs instruments et de l'art de composer. 

BRAND NEW - "The Devil And God Are Raging Inside Me"




free music



1. "Snowing Season" 2. "Millstone" 3. "Jesus Christ" 4. "Degausser" 5. "Limousine" 6. "You Won't Know" 7. "Welcome To Bangkok" 8. "Not The Sun" 9. "Luca" 10. "[Untitled]" 11. "The Archers Bows Have Broken" 12. "Handcuffs"

Brand New est un groupe de rock qui nous vient de New York. A la fois alternative, indie, et acoustique bien souvent, la musique de ce groupe garde toujours une énergie punk certaine, issue de leurs débuts comme groupe de punk "adolescent". Dès leur 2ème album, leur son était devenu intelligent, complexe, réfléchi, créant un véritable buzz aux États-Unis. Ce 3eme opus, une sortie internationale bien promue, impose le groupe en référence dans ce style musical.


Plus intelligentes encore, plus mures, les mélodies entrainantes de "Déjà Entendu" nous reviennent décuplées, plus intenses. Un véritable changement de style. Le 2eme album avait annonce une transition vers le rock tout en gardant des plans punks pour les parties plus "hard". Le genre de musique que l'on mettait à fond quand on jouait à Tony Hawk ou à un jeu de course. Certaines étaient parfaites pour tout ce qui était se faire plaquer par son âme sœur, etc. Bon, c'était original. Aujourd'hui, ce 3eme album n'est pas original, il est unique.

Désormais le contraste soft/ violent est plus présent, sans tomber dans le métal pour autant. Les plans harmonieux, les notes discrètes qui virevoltent dans la chambre, ca c'est le genre de soft que joue Brand New. Les cris rock'n'roll ("You won't know") sont plus nombreux qu'auparavant, et ce à travers l'album: ca, c'est les parties plus violentes de Brand New. Enormément de crescendos aussi, des ponts parfaitement maitrisés à foison, tous les auditeurs seront comblés, pour peu qu'ils aiment le rock sincère et émotionnel. Les paroles sont de la pure poésie.


Vous, ce que vous voulez, c'est un album fort en gueule, puissant dans tous les sens du terme, à écouter en boucle sans se lasser, avec lequel on peut tout aussi bien pleurer sans raison ("Luca", "Handcuffs") que pogoter seul dans sa chambre ou avec des potes en soirée ("Not The Sun", "Archers [...]").

C'est bien ca que vous voulez, non?

Ce que Brand New vous offre ici c'est tout ca, bien entendu, avec en plus une production sonore exceptionnelle. Sans abuser (comme souvent chez les groupes qui montent) d'égaliseurs, de boosts de volume et de filtrages artificiels, Brand New nous fait cadeau d'un son naturel, quasi-live et parfaitement équilibré. Et bah, l'air de rien, ca fait plaisir aux oreilles tout ca.

Je ne m'étendrais pas plus longtemps sur cette chronique, vous alliez partir d'un instant à l'autre vous procurer cette merveille... ;-)


NB: En écoute intégrale sur Deezer.com


KHOMA - "The Second Wave"





1. "The Guillotine" 2. "Stop Making Speeches" 3. "If All Else Fails" 4. "Medea" 5. "Hyenas" 6. "Through Walls" 7. "Like Coming Home" 8. "Asleep" 9. "Last Call" 10. "1908.09.04" 11. "One Of Us Must Hang"

www.myspace.com/khoma

Quand 3 Suédois, dont 2 Cult Of Luna, se réunissent pour faire de la musique puissante, mélancolique et sans retenue artistique aucune, en général on peut s'attendre à du lourd. C'est le cas avec Khoma.

Il était possible, à la vue de l'artwork plutôt sobre, de prendre ce disque pour un album sans grand intérêt, et de passer tranquillement son chemin à la recherche d'un truc plus "tape-a-l'oeil" dans les linéaires du magasin de disques. FOURVOIEMENT! OOOH MARKETING ENNEMI! Cet album discret d'apparence est une petite bombe à lui tout seul...la preuve? Peut-être la signature chez Roadrunner Records, mais c'est avant tout la musique en elle-même qui constitue une mini-révolution dans le milieu du post-rock.

Un amateur du genre aura suivi plus ou moins de près des groupes ultra-softs et minimalistes comme par exemple les emblématiques Sigur Rós, et aura fouillé de fond en comble les univers électriques et saturés d'Isis, ou des Francais de Year Of No Light, sans jamais découvrir quelque chose que l'on puisse faire écouter à des non-amateurs, sans trop les rebuter. 

Le son de Khoma, c'est ce savant mélange entre les murs de guitares à la Tool (" Stop Making Speeches", au rythme quasi-militaire), les samples, strings, et nappes d'ambiances qu'on jurerait empruntés à Ez3kiel (ex: "The Guillotine"), et les passages softs au piano qui évoquent allègrement... Coldplay. Et oui, c'est probablement là que réside la force des Khoma: tout post-rock voire souvent post-hardcore qu'ils sont, ils arriveraient  à faire passer la pilule à n'importe quel fan de rock un tant soi peu recherché. Des chansons comme "Last Call" ou "Hyenas" font de cet album un véritable drone  musical, assez proche finalement de "X&Y" par moment, mais il vaut mieux s'imaginer Coldplay s'énervant de temps à autres pour se faire une bonne idée de ce "The Second Wave"

Mais Khoma n'est pas qu'un Sigur Rós musclé, ou un Isis en plus somnolent, c'est un groupe qui a sa patte distinctive:

-Des rythmes de batterie entraînants et rapides,
-Une voix claire, toujours chantée, jamais hurlée,
-Des légers samples électroniques au clavier venant discrètement mais sûrement accentuer les parties mélodiques,
-Des guitares tantôt "murs de son" sublimes (ex: la 2eme partie de "One Of Us Must Hang"), tantôt plus réservées ou calées sur la base rythmique. 

L'effet général? Un album merveilleux, complexe et facile d'écoute a la fois, parfois puissant, parfois plus doux, mais qui garde toujours cette émotion à fleur de peau. Khoma, avec sa personnalité et son naturel très contemplatif, pourrait bien être le chaînon manquant entre le rock doux qui passe à la radio, et le post-rock aux nombreuses sonorités post-hardcores qui reste bien souvent condamné à errer sur myspace et dans les petites salles de concert, à la recherche de trop rares initiés. 

Une véritable machine à convertir à ces styles trop souvent maintenus "underground" par les médias...qui décidemment ne savent pas ce qu'ils manquent.

A découvrir d'urgence, et à faire découvrir !  ;-)