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INTERVIEW : Arnaud de La Phaze

Interview d'Arnaud de La Phaze (guitariste)


« Psalms and Revolution » est sorti le 18 avril dernier, et le 27 avril j’ai eu la chance de vous voir en concert à la Maroquinerie. Pour vous avoir vu plusieurs fois en live, je ne me rappelais pas que les machines avaient une place aussi importante dans La Phaze. Est-ce l’arrivée de Cédric Gleyal dans le groupe qui a accentué la patte électro dub du groupe ou était-ce la volonté commune de pousser davantage dans le mixage et l’expérimentation sonore?

Il y a une volonté avec cet album et le nouveau set live de retourner à une production plus électro que sur la tournée « Miracle », de revenir au son dance-floor de nos premiers albums et tournées. On a donc proposé à Cédric (aka Undergang) de rejoindre le groupe sur scène pour gérer les machines en live, jouer la deuxième guitare et chanter les chœurs.

Est-il toujours aussi facile d’embraser la foule dès le premier morceau durant un concert ? L’album étant sorti il y a peu j’ai été surprise de voir qu’à la Maroquinerie le public s’est immédiatement lancé dans des pogos sans attendre les morceaux connus pour se déchaîner.

Nous avons été aussi surpris par ce retour direct et immédiat. Ce n’est pas toujours aussi encourageant et il a fallu plus bataillé sur les 2 premiers concerts de la tournée française. C’est toujours délicat d’arriver avec un nouveau set plein de nouveaux titres encore inconnus. La réaction du public à Paris est de très bon augure pour l’avenir de ces nouveaux titres ; ils font mouche alors qu’ils ne sont pas encore « assimilés ».

Depuis toujours et particulièrement dans l’album « Miracle » on se souvient des morceaux « Miracle » qui dénonçait l’action de Sarkozy, de « Climax » qui parlait de la dégradation de la planète. Avec « Psalms and Revolution » on reste dans une thématique de révolte, d’éveil au monde, d’attention portée aux autres. Certains événements vous ont-ils influencé pour composer ce nouvel album ?

Oui, mais des thèmes parfois plus ciblés et moins généraux, comme le déni de grossesse (« Temps de chien ») ou l’addiction aux nouveaux outils numériques (« Psalms and Revolution »). Il y a toujours de la rage et de la colère dans le discours, même si le propos est volontairement moins frontal dans l’écriture.

J’apprécie beaucoup les beats hip-hop que je trouve plus nombreux dans cet album. Est-ce une scène qui vous attire de plus en plus ? En tournée, j’imagine que les rencontres avec d’autres groupes suscitent l’envie d’expérimenter, de voyager dans de nouvelles sonorités.

Il y a toujours eu des beats hip-hop dans chacun de nos disques, pour créer du relief par rapport aux tempos élevés de la drum&bass. Sur cet album, c’est la production plus électro qui accentue ce sentiment. A part quelques artistes comme Keny Arkana et Casey, on est en fait de moins en moins attiré par la scène hip-hop, notamment française. On est souvent gêné par le décalage entre le discours et l’attitude en backstage. On est archi-fan ce certains artistes anglais et américains, et toujours prêt à collaborer (on a longtemps été en contact avec Gab de Blackalicious, et on est capable de débouler dans la loge de Wu-Tang-Clan avec un micro et un ordi, quand on jouera cet été avec eux). Ce principe s’applique à tous les artistes qu’ils viennent du rap, de l’électro, du rock ou du punk.

On vous dit sous amphèt pendant les concerts tellement vos shows sont explosifs et conviviaux. Cette image reflète bien votre fougue sur scène. Vous allez même à la rencontre du public après les shows pour discuter avec les gens. Avec vous, point de barrière entre artistes et public. Ces rencontres humaines font-elles partie du plaisir de tourner ? En tirez-vous votre énergie, votre hargne ?

Cette connexion groupe / public est primordiale et indispensable. C’est le but même de notre démarche artistique. Pas besoin de drogue ! Avant de monter sur scène, on a juste une immense envie d’y aller et d’envoyer la sauce, en donnant et prenant du plaisir. Notre cri de guerre avant de monter sur scène est : « mieux qu’hier, moins bien que demain ! ». Et quand le plaisir est là, on aime bien que ça se prolonge au bar, dans la salle ou dans les loges, à papotter avec les gens…

Un ami pense que les groupes devraient vivre de leur tournée et des ventes effectuées sur les stands plutôt que d’espérer naïvement de vivre des ventes de leur album. Une fois « Psalms and Revolution » composé et terminé aviez-vous hâte de partir en tournée?

On n’attendait que ça ! La Phaze s’est fait par le live. C’est notre terrain de prédilection. En 2010, on n’a fait qu’une trentaine de dates à l’étranger, point barre. On était en manque, et on a replongé direct dès les premières dates de la tournée espagnole en mars. Notre drogue, c’est le live. Complètement addict à la route…

La chroniqueuse que je suis vous remercie, et si vous avez des infos croustillantes à révéler pour la suite des événements, je vous écoute ! Liberté de parole !

La Phaze est de retour sur les scènes de France et d’ailleurs. Il y aura certainement pleins d’actu pendant l’année : des bootlegs, des remixes, des inédits, des collaborations. A suivre! Merci à toi!


Charlotte Noailles.
Chroniqueuse pour Collective Anthem/W-Fenec/Adn Sound