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GRAND CORPS MALADE - "Enfant De La Ville"



1-Mental 2-Je viens de là 3 - Comme une évidence 4 - 4 saisons 5 - Pères et mères 6 - A la recherche 7 - Le blues de l'instituteur 8 - Rétroviseur 9 - J'écris à l'oral 10 - Enfant de la ville 11 - La nuit 12 - J'ai pas les mots 13 - Avec eux 14 - Underground 15 - L'appartement 16 - Du côté chance


Aaaah… Grand Corps Malade ça vous dit un truc ? Oui un grand avec des béquilles qui a popularisé le… mais oui vous savez ce genre de poésie urbaine… raaaah oui comme du rap mais avec la voix plus en avant… ah oui ça y est le slam ! Que même que vous aviez bien ri sur « Ma Tête mon Cœur et Mes Couilles » et que vous vous êtes senti brillant lorsque vous avez décelé le nid de métaphores perché dans « Les Voyages en Train » ses deux plus grands -et fulgurants- succès.

Et bien vous savez, ce mec après avoir fait un premier album (ouaip, ouaip, 16 titres avec arrangements, featurings et tout le tintouin) et bin le garçon a persisté et en a même réalisé un second il y a de ça déjà quelques années, si, si.

Alors, si le premier opus Midi 20, avait cartonné créant un consensus mérité entre grand public, férus de chanson et aficionados du hip hop ; le deuxième -et dernier- Enfant de la Ville est passé complètement inaperçu… La faute à un style musical trop immature et superficiel pour rencontrer plus qu’une adhésion éclair ?

Non, non et renon car tout d’abord il ne faut pas se méprendre, Grand Corps Malade ne fait pas le slam mais du slam, pas le plus musical, pas le plus intense, pas le premier, pas le plus théâtral, pas le plus hautain, pas le plus engagé, pas le plus habité ni le plus grandiloquent ou le plus passionné mais un slam singulier, avec du cœur, de l’âme et du talent et le monsieur à des choses à dire…

Et, avec ce deuxième effort, notre conteur amplifie son évolution par rapport à la scène slam traditionnelle en ébauchant les contours musicaux avec plus de soin et appuyant les orchestrations quasiment au même niveau que la voix. Celles-ci vont parfois même jusqu’à surpasser les écrits étant pourtant la sève de cet art (« Mental », « Du Côté Chance »).

Une évolution de prime abord un peu déconcertante, car les titres sont désormais investis de plus de groove mais moins poétiques, moins variés rythmiquement, moins riches sémantiquement, l’auteur a plus souvent recours aux refrains alors que ses précédentes compos étaient savamment libres de toutes structures. En outre, certains morceaux alourdissent conséquemment l’ensemble par leur inspiration clichesque, leurs arrangements trop plats ou leurs rimes carrément pauvres (« Comme une Evidence », « 4 Saisons », « J’ai Pas les Mots »).

Pourtant, en dépit du fait que les constructions verbales sont moins ambitieuses et le format des chansons plus éculé quelques jolies pirouettes demeurent : « La Nature je la respecte c’est pour ça quj’écris en vers » ; « C’est un souvenir glacial comme ce soir de décembre où tes espoirs brûlant ont laissé place à des cendres » ; mais surtout « Pères et Mères »… en totalité.

C’est en fait dans un autre sens qu’il faut aujourd'hui percevoir le son de Grand Corps Malade, non dans le génie narratif mais au travers des émotions déployées. Ainsi certaines compos sont empreintes d’une magie et d’une nostalgie indéfinissables mais prégnantes (« Rétroviseur »). Tandis que le reste, par le fruit d’une écoute attentive faisant abstraction d’un début de galette aussi atone qu’une réunion du Sénat suisse, est tout a fait goûtu. Voguant avec caractère entre humour « Underground », « L’Appartement » ; purs bijoux insolites : « La Nuit » ode à la mystérieuses entité nocturne ; textes échevelés, « Pères et Mères » mettant une baffe à tous les concurrents ; poésie brute « J’Ai Pas les Mots » ; slam « old school », sincère et jazzy avec un Oxmo Puccino toujours aussi grisant (« À La Recherche ») ; contestation mélancolique rappelant la verve du premier opus « Le Blues de l’Institueur ».

Cet album fait donc montre d’une évolution réelle traduisant la volonté de GCM de grandir en tant qu’artiste, empruntant autant à la variété qu’au classique populaire. Sans être aussi frais, inventif et indispensable que le premier volet, ce disque est à envisager au-delà des lyrics ; moins percutant, le message est plus serein à l’image de son auteur qui, lorsqu’il tente de s’aligner sur ses précédentes trouvailles sent un peu le réchauffé. En clair, Grand Corps Malade ce n’est plus que du slam…

Demisroussos81

1 comments:

N a dit…

Différente de ce qu'on aurait pu attendre, pas tant sur ton avis, mais sur le mené d'article.
Au reste, je n'ai pas oublié que j'avais des textes de toi à lire.