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To The VANISHING Point - "This is where it all began"



1-Crows
2-Voices
3-Blinded
4-Anyway
5-The monsters hiding under my bed
6-Headache
7-What's the point of sleeping anyway?
8-The quiet son
9-The ride
10-To the vanishing point
11-Rid of you


Un peu de douceur pour changer. Réjouissez-vous! Au delà de toute violence, l'album de To the VANISHING point propose ce que la mystique musicale a de plus profond et de plus mystérieux, un voyage intérieur en dehors des sentiers battus. A l'écoute de l'album, la plongée en soi se fait tout en douceur, en aveugle et sans repère, laissant la belle part au hasard.

Comme soucieux de ne pas abîmer les parois de notre âme, To the VANISHING point nous emporte et cela sans l'aide de riffs dynamiques, le charme s'opèrant autrement, tout en finesse et en pudeur. Et pour les curieux qui se demandent quel sens obscur contient le nom du groupe, on appelle the vanishing point le point au-delà duquel quelque chose disparaît ou cesse d'exister. Bon, ça reste un chouia obscur, mais avec un nom pareil on sait à quoi s'attendre quant au style du groupe. Avec leur premier album, "This is where it all began", les quatre suisses produisent un son résolument post-rock d'une rare subtilité. L'émotion intimiste qui s'en dégage est un langage intermédiaire entre méditation et rêverie, entre éveil et sommeil.

Un petit retour en arrière s'impose: le premier né de To the VANISHING point sort en Suisse en avril 2005 sous le label Saïko records et dans un premier temps c'est dans leur pays de formation que le groupe enchaîne les concerts. Par la suite, ils jouent dans bon nombre de festivals, encore la meilleure façon de se faire un nom parmi les groupes de la scène internationale. L'expérience porte ses fruits puisque la bonne accroche avec le public et les ventes prometteuses du groupe rencontrent l'enthousiasme du label français Jerkov qui sort l'album chez nous en février 2006. Le groupe commence à se faire remarquer, mais comme pour se départir d'une partie de leur mérite les membres du groupes, Jeff (chant, guitare, piano), Pol (guitare), Gunt (basse) et Steve (batterie) affirment franchement leurs influences, il s'agit de quelques uns des grands noms du post rock. On y trouve entres autres Sigur Ros, Mogwaï, Radiohead, mais aussi des groupes pêchus comme Neurosis ou encore Deftones et bien sûr des références électro avec M83 et DJ Shadow. L'électro a une place fondamentale dans l'univers du groupe, qui mélangé à l'accoustique donne à To the VANISHING point le charme d'une musique posée à savourer sans vergogne. Ici, il ne s'agit pas de faire gigoter à tout rompre les murs de la baraque, ni de bouger rythmiquement la tête, l'heure est à l'écoute dans sa plus simple définition. Dans Headache, la voix est aux murmures tandis que les instruments semblent marquer le tic tac d'une vieille horloge, qui en "trompe-l'oeil", est un écho à l'électro pourtant bien actuel, une sorte de nostalgie viscérale modelée avec les instruments d'aujourd'hui.

Le groupe pose une musique d'ambiance, une mélancolie vis à vis de quelque chose d'indiscernable hormis l'évidence d'une aspiration au calme et à la disparition du mal intime, et de la culpabilité, It's not your fault (What's the point of sleeping anyway?). La multitude des thèmes évoqués dépassent bien sûr ce bref aperçu non-exhaustif de ce que le groupe cherche à transmettre, et c'est à chacun de se faire une idée de cet étrange univers. Alors comment expliquer que les morceaux semblent avoir été composés personnellement pour nous, pour la chambre intime et propre à chacun que nous occupons le soir lorsque la mélancolie commence à poindre et que le vide pèse sur nos pensées. To The Vanishing Point s'approprie notre lieu, siège de nos plus mélancoliques réflexions, leur musique comme support sur lequel on se laisse agréablement dériver. Les humeurs mélancoliques du groupe font plus particulièrement de Crows, Blinded, The tide, les représentants d'une épuration absolue de toute superficialité. La pesée ne vaut rien, l'envol est immédiat.

A aucun instant l'éveil ne semble s'annoncer, si ce n'est dans The tide quand des coups successifs de batterie nous rouvrent les yeux sur l'échappée parcourue. Et serait-ce par souci de réveiller nos caboches que l'album est entrecoupé des pistes 4 (Anyway) et 8 (The quiet son), morceaux qui se révèlent énergiques comparés au reste de l'album? Remarque à part, pas d'inquiétude à avoir sur le talent du groupe, leur premier album n'a rien d'assoupissant. Leur bébé a toutes les qualités du petit génie, certes plutôt doux et triste mais qui n'a pas besoin de se plonger dans un bon Spleen de temps en temps? Rien de dépressif à l'outrance, rien que de la bonne bile noire rock'n'glide.

To The Vanishing Point - This Is Where It All Began


Charlotte Noailles.