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AMANDA PALMER - "Who Killed Amanda Palmer"
1. Astronaut, 2. Runs In The Family, 3. Ampersand, 4. Leeds United, 5. Blake Says, 6. Strength Through Music, 7. Guitar Hero, 8. Have to Drive, 9. What's the Use of Wondr'in?, 10. Oasis, 11. The Point of It All, 12. Another Year
Il y a des choses qu’on peut difficilement esquiver sur son parcours. En ce point, le Docteur ès zizik que je suis ne saurait faire l’impasse sur Amanda Palmer.
Près de dix ans séparent les premiers pas de la belle de Boston dans son duo punchy des Dresden Dolls du présent album. Amanda Palmer se la joue solo, expérimentant - pour un temps - l’aventure musicale sans cet incroyable mime-batteur qu’est Brad Viglione. Se la joue solo ? Pas exactement mes amis. En effet, si notre reine du clavier s’est lancée dans cette épopée-ci, ce n’est que soutenue par le violoniste et actuel producteur de son album, j’ai nommé l’australien Ben Folds. Mais qu’on ne s’y trompe pas, c’est bien l’album d’Amanda, le violon restera toujours très discret.
Ces petites précisions inscrites, qu’en est-il à proprement parler de Who Killed Amanda Palmer ?
Avant de rentrer dans le détail de l’album et ainsi décortiquer une à une les douze pistes pour cabaret-punk que la demoiselle nous offre, il est une chose qui frappe de suite : Amanda a retrouvé le feu des débuts survoltés des Dresden. Là où sa prime formation faiblissait de CD en CD pour finir sur un mou du genou No, Virginia, nous retrouvons toute la fougue qu’on aime chez elle. Ni ces noires années, ni même sa récente opération des cordes vocales ne semblent plus pouvoir l’affecter. Pour tout admirateur de cette diva du 21ème siècle, c’est une véritable renaissance.
Dans le détail, Amanda nous offre des pièces plus personnelles, n’hésitant pas à ressortir des fonds de tiroir comme sur le calme mais intense Strength through music ou encore nous présenter ses autres amis, comme sur la reprise de What’s the use of wond’rin’ ? avec Annie Clark (de St Vincent, que je vous conseille pour les avoir vu en live l’été passé), ou encore East Bay Ray (des Dead Kennedys)… pour ne citer que mes favoris. Amanda a su s’entourer, pour notre plus grand plaisir, et ce sans que les apparitions des uns comme des autres ne brisent l’harmonie de l’œuvre.
Tout commence par Astronaut, dès la première note claquée dans un cri retenu, toute la véhémence de son être. Un premier couplet posé, un fond très calme violoncellé, au piano muselé, mais Amanda est l’eau qui dort, jouant sur le registre du You snooze you loose cher à Gonzales, elle repart bien vite pour notre transport, et de là, ça ne s’arrête plus. Je la revois encore jouer ça, frappant parfois ses notes avec le coude. Véridique. Et que dire de sa voix, sa voix ! Toujours à un doigt de casser, mais toujours à la note juste, toujours une passion rimant dangereusement avec perfection. Une fois remis, on se le demandera : mais quand piano et violon se sont-ils si bien accommodés dans notre histoire ? Ne cherchez pas, Astronaut, sur ma planète, on appelle ça un tube en puissance. Simplement. Cette mise en bouche ne semble pas avoir entamée notre vaillant duo, qui enchaîne sans transition avec le nerveux Runs in family, au tempo sonnant comme une course contre la montre, en adéquation avec ses paroles. Suivra l’intime Ampersand, qui nous permet de retrouver les ballades au piano côtées des Dresden Dolls. Et Re-boom ! Leeds United vous empêche de vous poser, avec un piano straight qui a enflammé les plus belles heures du cabaret punk. Amanda est aux commandes et elle le prouve, on sort pour une première fois les trompettes, même sur celle-là, où tout se joue finalement aux montées rock de la dame. Pour se remettre, deux chansons travaillant d’avantage sur le sens des paroles que la puissance des mélodies, je ne dévoile rien.
Bon, jusqu’ici, c’était très bien. Nan, vraiment. Très bien.
Mais voici venu Guitar Heroe, le titre qui rend cet album obligatoire, celui que j’ai écouté en boucle durant des nuits et des nuits en me remémorant de ce baiser avec Amanda (cadeau d’anniversaire, eh ouais mon pote !). Qu’est-ce qui s’est passé lorsqu’Amanda a pondu cet hymne ? Si vous n’avez jamais vu à quoi ma muse chérie ressemble, jetez un œil à ce clip en particulier. Décrire toute la puissance de ce morceau est un véritable challenge mais baste ! Rien qu’à la première note saturée, on sent le gros tube du fond des âges venir, comme une prémonition au coup de foudre auriculaire. Puis c’est l’accord magique sur guitare électrique, et après ça, tout peut arriver, et tout arrive ! Un piano qui claque en osmose, la voix d’Amanda comme une injonction à aimer ce qu’elle nous inflige, à la fois puissante, partant dans des montées qu’on lui ignorait encore chez les Dresden, sentimentale, battant au rythme violent de ce qu’est vraiment la vie. On m’accusera de subjectivité ! Je la revendique, et vous mets au défi de rester indifférent à ce crescendo. Voilà !
Vous l’aurez compris, après cette bombe, le reste de l’album importait peu. Très sérieusement, il aurait pu s’arrêter là, je ne lui aurais rien reproché. Tout comme mon article, tiens (mais sentant les ondes tout aussi télépathiques que coercitives de mon rédac chef, je préfère continuer). Ainsi il vous faudra du temps pour remarquer la piste suivante, Learn to drive, très posée, presque a capella, qui plus est. Non, tout ne recommencera que sur le duo pastichant Le Carousel, avec Annie Clarck, tellement l’humour vient s’incruster. Puis bizarrement, là où nul d’humour n’avait jusqu’ici pointé le bout de son petit nez rouge, Oasis, qui, traite de l’avortement chez l’adolescent comme s’il s’agissait d’une comédie musicale. Comme devait s’en défendre plus tard Palmer face aux censures des radios anglaises, il est pourtant difficile de traiter de sujets douloureux (la chanson lui viendrait en partie de sa propre expérience) avec humour, et c’est un vrai tour de force que d’y parvenir. J’en connais une qui aurait été très copine avec notre regretté Desproges. Clip très amusant, ceci dit. Bon, petit Point of it all où Amanda laisse peut-être un peu plus de leste à Ben Folds (quoique).
Et tel un sale Jack-in-the-box, un dernier morceau dévastateur. Guitar Heroe vous à fait vous sentir vivant ? Apprêtez-vous à mourir sur place. Another Year, un crève-cœur, si les paroles ont une quelconque résonance chez vous, ou même si elles n’en n’ont pas. Bienvenue dans la cour des grands joueurs de piano, ce qui force d’ailleurs l’admiration chez Palmer, puisqu’elle n’a jamais appris à lire une partition. En une gamme tout est plié : vous savez que vous n’allez pas repartir indemne. Encore une fois, je ne tiens pas à lever le voile des paroles, si vous ne comprenez pas bien l’anglais, il me semble plus judicieux d’aller voir par vous-même une traduction. Je m’autorise une digression (encore) pour souligner que bien de belles chansons, comme Strange Fruit, prennent un fond dramatiquement percutant lorsque vous savez de quoi elles retournent. Amanda Palmer nous gardait la plus intime pour ce final que je vous déconseille fortement d’écouter en boucle.
Définitivement, l’album qui aura marqué l’année passée, pour votre modeste serviteur.
OK, à titre plus personnel, cet article me voit réintégrer Collective Anthem. Par l’amélioration sensible de mes moyens d’action, me voici définitivement de retour dans la place. Désolé de cette longue absence…
Split - "Tales of Vanity"
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