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THE BLACK ZOMBIE PROCESSION - "Mess With The Best, Die Like The Rest"



1. Colder Than A Reptile 2. I Miss The Darkness 3. Hell's Infection 4. Toxic Punch 5. Almost Human 6. Nasty Stomp 7. You'll Rise Stronger From The Grave 8. Black Mark On Dark Uniforms 9. Bugs 10. Sheer Terror 11. I Found A Body In My Trunk 12. Satan Told Me To 13. Pitch Black 14. Serve The Public Trust 15. Poison Injected 16. Soul Dealer


Heheheeey les enfants, avec les fêtes qui approchent, un petit cadeau s’impose. Nasty Samy et l’une de ses troupes are back! Ok ca fait depuis quelques mois déjà, je l’avoue mais il n’est jamais trop tard pour ce genre de post! Allez, on se lève tous pour the Black Zombie Procession (« Daaanette, Daaanette »… je vous entends derrière vos écrans, je vous entends…)

Et ce retour est plus rock’n’roll que jamais, dans le style rock à la Marvel (groupe suédois, fans eux aussi des fameux « comics » américains du même nom). Pour ceux qui ne connaissent pas encore (!), The Black Zombie Procession est un des groupes majeurs de la vague horror-rock en France, avec les Flying Donuts et les Hellbats comme fidèles « side-kicks », et signent ici avec « Mess With The Best, Die Like The Rest » un album furieux au possible. Le visuel (par Ed Repka, également designer pour Megadeth, Necro, NOFX,…),- et par ailleurs de toute beauté-, est assez explicite quant a ce qui nous attends une fois la musique lancée. Si vous avez été un méchant hard-rock zombie, préparez-vous à une bonne claque façon G.I !

« 50% punk rock, 50% heavy rock : 666% zombie core » clament les flyers…et on peut dire que ca résume bien le style de nos compères.  Les rythmes et le chant sont plutôt punks, tandis que les guitares s’occupent de distiller une énergie heavy, saupoudrée de southern rock bien comme on l’aime. Mélange explosif s’il en est. Et 666% zombie core dans tout ca ??? Une fois ignorée l’impossibilité mathématique flagrante, accordons-nous une petite pause histoire de regarder la tracklist. On ne cherche pas de sens caché, on n’analyse rien, hein? Non non, juste un simple coup d’œil à la tracklist. C’est fait? Vooiiila. =) Et sinon, une petite écoute de « Sheer Terror » pour vous mettre dans l’ambiance.

Ca respire la bonne humeur et la joie de vivre donc, pourtant tout cela n’est pas aussi malsain qu’il n’y parait. D’accord on dirait une tracklist de Cannibal Corpse ou Iron Maiden, mais finalement on est beaucoup plus proche de la mouvance punk dans les paroles que les titres ne le laissent croire. Ca crache sur la guerre, on trouve un petit pic contre la religion de-ci de-là, rien de bien fou ou plus violent à ce niveau qu'un Sum 41 de "Does This Look Infected?". Le thème central restant bel et bien les zombies (he, normal!). Cependant la « pate » de The Black Zombie Procession, c’est surtout l’univers qu’il y a autour. Ils le disent eux-mêmes donc à priori je ne prends pas de risque, mais il s’agit bel et bien d’un groupe de geeks.* Alors attention de « geeks » oui, mais un type bien précis de geeks, de ceux qui vénèrent les bandes dessinées américaines et les vieux films d’horreurs des 70’s. En somme tout ce que l’on nomme la « culture B ».

* « Puissant et mélodique, fourmillant d’idées et de riffs rutilants, ‘Mess with the Best, Die lie the Rest’ est une ode à la culture bis et s’adresse aux vrais fanatiques de musique qui a du caractère et aux geeks obsédés par les univers fantasmagoriques ! » (biographie officielle sur www.myspace.com/blackzombieprocession)

On excusera ainsi le satanisme qui apparait par très légères touches, il est en fait très second degré. Ecouter The Black Zombie Procession, c’est vraiment comme regarder un film d’horreur. C’est « evil » au sens rock’n’roll, « evil » façon « Highway to Hell », mais jamais franchement satanique comme chez les doux Dimmu Borgir, les tendres Mayhem ou tant d’autres enfants de chœur. Et c’est tant mieux.

En fait, on se sent dans leur monde comme dans la caravane de Murdoc des Gorillaz. Autrement dit : plus ou moins en sécurité »… ;-)

"They're not done, they're not dead yet!"

Mwaha… mwahaha…MWAHAHAHAHAHA!!! :P

PUDDLE OF MUDD - "Come clean"



1-Control
2-Drift and die
3-Out of my head
4-Nobody told me
5-Blurry
6-She hates me
7-Bring me down
8-Never change
9-Basement
10-Said
11-P...it all away
12-Abrasive
13-Control (acoustic version)
14-Control (video).



Sorti en 2001, "Come clean" est le premier album du groupe et le meilleur à mes yeux, sans sous-entendre que les autres sont mauvais, bien au contraire. A l'heure où tout le monde ne connait du grunge que Nirvana ou Pearl Jam (de très bons groupes d'ailleurs), une présentation de Puddle s'impose. Le groupe se forme à Los Angeles en 1993 et se compose du chanteur/guitariste Wesley Reid Scantlin, du bassiste Douglas John Ardito, du guitariste Paul James Phillips et du batteur Greg David Upchurch. Les membres disent avoir été influencés par des groupes comme Pantera, Radiohead, Limp Bizkit ou encore Pearl Jam, un univers référentiel à la fois riche et hétérogène. Puddle of Mudd est pour moi un groupe inégalable dont tous les albums sans exception sont de petits bijoux. Ce groupe a été une révélation musicale de taille lorsque je l'ai découvert. L'accroche a été immédiate. En 2001, le succès que "Come clean" rencontre aux Etats-Unis est dû en partie au bouche-à-oreille de Fred Durst (chanteur du groupe Limp Bizkit qui signe le groupe sur son label Flawless), mais surtout grâce à une composition habile ralliant post-grunge, rock et punk. Si on cherche à définir le groupe plus précisément, Puddle of Mudd s'inscrit dans le mouvement grunge, au même titre que Pearl Jam ou Nirvana même si Puddle of Mudd est moins connu que ces derniers. Les paroles du groupe, à la nature souvent controversée, expliquent l'apparition du logo "Parental Advisory Explicit Content" et annoncent un contenu qui ne mâche pas ses mots, dans le sens où de nombreux thèmes sont abordés, et pas toujours les plus roses. Never change "Someone's always tellin me I'm no good, well I don't care what you say, someone's always, giving me a hard time, well I live day to day, someone's always puttin me in my place, like I don't know where I am, so I'll just sit here in the corner, without any direction". Blurry "Everything's so blurry, and everyone's so fake, and everybody's so empty, and everything is so messed up, pre-occupied without you, I cannot live at all, My whole world surrounds you, I stumble then I crawl". Out of my head "I'm so high, I'm never low, I'll hold the sky, and I'm never letting go, go...go...go...". Je vous invite à écouter attentivement les paroles, sans ça on se prive d'un élément essentiel du groupe. Sans tomber dans les lamentations, chaque morceau a sa couleur propre, parfois planant parfois violent, mais toujours grunge à souhait. Quant à la rage originelle défendue par le grunge, on la retrouve plus spécifiquement dans des morceaux comme Basement, Said, Control.

L'ambiance musiciale que "Come clean" révèle se définit dans une rage duplice, berçant par des hymnes planants le refus et l'appel de la transcendence sous toutes ses formes, (Said "everyone around me smoking crack, this tunnel is blinding"). Un morceau comme Abrasive dérouille sec au départ pour se calmer et laisser à nos têtes le loisir de s'évader, pour ensuite redémarrer tout en force. Tout ça porté par la voix de Wesley qui ressemble, il faut le dire, à celle de Kurt Cobain, Puddle of Mudd est un groupe abouti qui s'inscrit dans la veine grunge de nos grands classiques. Si vous connaissez par coeur les albums de Nirvana ou de Pearl Jam et que vous cherchez un groupe d'une qualité équivalente ou presque, Puddle of Mudd est pour vous. En écoutant "Come clean" on s'assure un moment fort avec des compositions originales et énergiques. Maintenant à savoir s'il faut classer le groupe dans le rock ou dans le grunge, c'est un dilemme. On parle plutôt de mouvement grunge, donc cette affiliation mise à part, Puddle of Mudd est un groupe rock (avec toutes les variantes que ce genre contient lui-même) même si pour être tout à fait précis, il faudrait dire rock/post-grunge. Bonne écoute!

Charlotte Noailles.

CHEVELLE - "Wonder what's next"

1-Family System
2-Comfortable liar
3-Send the pain below
4-Closure
5-The Red
6-Wonder what's next
7-Don't fake this
8-Forfeit
9-Grab thy hand
10-An evening with el diablo
11-One lonely visitor


Chevelle est né en 1995, de l'initiative de trois frères, Pete, Sam et Joe Loeffler. Après 3 ans et demi de concerts, le groupe signe son premier album, "Point #1" (sorti en 1999). Leur son sonne clairement rock, et s'inscrit logiquement dans ce genre. Parfaitement inséré dans le paysage musical américain, Chevelle sort en 2002 son deuxième opus, "Wonder what's next". Cet album confirme le potentiel musical du groupe qui, même s'il reste fidèle au rock originel du 1er album, se définit davantage par des influences "metal". Les initiés parlent alors de "nu-metal" ou de "rock alternatif" pour définir l'évolution du groupe. Avec "Wonder what's next", le groupe originaire de Chicago, conquiert l'ensemble des Etats-Unis. Les radios passent The Red, Forfeit... Les ventes d'albums décollent. La réserve de "Point #1" a laissé place à des morceaux qui dérouillent et sur lesquels les fans peuvent se déchaîner et remuer la tête. Quant à leurs concerts, ils sont envahis de pogos enfiévrés. Et pourtant, en 2002 en France, le trio est tout simplement inconnu du grand public (ou presque, salutations aux autres chevelliens). Pete, Sam et Joe Loeffler, respectivement chanteur/guitariste, batteur et bassiste, n'évoquent rien à personne. Les grandes vedettes des States sont alors Linkin Park ("Hybrid Theory" en 2000) ou encore Green Day, mais pas un mot à propos de Chevelle. A label différent, parcours différent. Probablement, mais reste que la presse est redondante et que la diffusion des groupes tourne en rond, on parle toujours des mêmes. Je ne découvre Chevelle que fin 2002 via un site internet. Le choc est immédiat, je deviens immédiatement une Chevelle addict. Ainsi, lorsque l'import "Wonder what's next" arrive chez moi, c'est l'événement. Le son monte, l'album commence doucement avec Family System, des murmures accompagnent l'introduction, mais très vite les musiciens s'enragent que le chant de Pete vient renforcer. Celui-ci a une voix au timbre très particulier, profond et aérien, je dirais même onirique.

Le groupe propose une ambiance en constante mutation, ce qui en fait d'ailleurs tout son intérêt. La composition classique guitare/basse/batterie nous offre pourtant un panel de sons des plus intéressants, des envolées quasi lyriques de Pete à la manifestation féroce des instruments, de la ballade acoustisque One lonely visitor à des morceaux plus métal comme Forfeit ou Comfortable liar, dans lesquels le chant hurlé dépote un max, le résultat est brillant. Dans An evening with el diablo le chant rappelle le côté "rock alternatif" du premier album où chuchotements et bruits de respiration assurent avec douceur les transitions habituellement assurées dans de nombreux groupes par de doux accords de guitare. Les morceaux de Chevelle dépotent, non pas tant par la violence des riffs et de la batterie, mais grâce à la tension qui va crescendo tout au long des morceaux. L'exemple phare en est le morceau The Red. Le chant clair abandonne à de nombreuses reprises le calme pour s'aiguiser dans un chant hurlé réaffirmant les influences métal du groupe. A cette richesse instrumentale et vocale s'ajoute l'intérêt des textes en eux-mêmes. Pete chante des paroles riches de sens, tour à tour support d'expression d'une voix excédée par la violence des sentiments, par la déception mais aussi l'appel à une extériorisation brute et sonore. C'est l'abandon de la douleur que prône le groupe. Les riffs rageurs expulsent toute morosité dans des morceaux fins et énergiques. Avec eux, la musique est surtout le moyen de se défaire de préoccupations dérisoires pour se laisser emporter dans des atmosphères enivrantes. Le rock/métal de Chevelle s'affirme dans la rage mais aussi dans la méditation. Un groupe metal qui médite... Eh oui, justement! L'éclectisme de "Wonder what's next" me charme les tympans, oscillant entre une violence dénonciatrice et un lyrisme de l'espérance, comme dans Comfortable liar ou Grab thy hand. L'album est culte à mes yeux car c'est l'un des groupes qui m'a donné envie d'apprendre la guitare électrique. Merci à eux. A ce jour, le groupe a déjà concocté quatre albums, avec une modification quant à un des membres du groupe: Joe Loeffler (basse) a été remplacé par Dean Bernardini en 2005. Maintenant, il serait sympathique de leur part de faire une tournée en France, mais pour cela il faut une bonne communauté de fans. A vos écouteurs!

Charlotte Noailles.

GENGHIS TRON - "Board Up The House"



1. Board Up The House 2. Endless Teeth 3. Things Don't Look Good 4. Recursion 5. I Won't Come Back Alive 6. City On A Hill 7. The Whips Blow Back 8. Colony Collapse 9. The Feast 10. Ergot 11. Relief


“Board Up The House” est à l’image de son artwork. Intriguant, complexe, mais agréable et varié. On notera également « beaucoup moins bourrin que ses prédécesseurs ». Il reste énormément de violence bien entendu, le chaos maitrisé restant la spécialité de Genghis Tron. Pourtant contrairement à ce que l’on peut parfois penser à la première écoute (j’ai d’ailleurs été tout autant coupable que n’importe quel profane lors de mes premiers pas dans cet univers psychédélique), la musique des Philadelphiens n’est pas dénuée de sens. La beauté, la création inspirée, abondent  bel et bien derrière l’apparence un peu rugueuse de la musique de Genghis Tron. Mais au fond comment la définir vraiment, cette musique?

Du petit rythme mignonet au charleston qui ouvre l’album, avec ses faux airs de river dance, aux agressions sauvages et clairement d’esprit « rock’n’roll » de « Things Don’t Look Good » (qui finit en metalcore), on ne sait trop quoi penser. Et encore, je ne m’étends pas sur les volutes post-rock de « Relief », ni sur le rock a forte teneur en samples façon "Sessions" de Linkin Park (ex : sur « Recursion » pour ne citer qu'elle) qui représente un bon tiers de l’album, ou peut-être un chouia moins. Exit également de mon propos le grind s'appaisant pour des sino-instrumentations sur « City On A Hill » ou le hardcore moderne de « Endless Teeth », les strings fantomatiques au pitch bend de « The Whips Blow Back », ou ceux fortement déformés aux consonances Irlandaises (oui oui !) de « Ergot ». D’aucuns diraient que c’est un patchwork, et même s’il y a du vrai là-dedans (la variété surprenante de sonorités), c’est terriblement réducteur, et d’un péjoratif que nos chers Mookie Singerman, Michael Sochynski et Hamilton Jordan ne méritent pas.

Cybergrind, death, metal, noise, doom, experimental, hardcore, rock, electro, industriel... finalement qu’importe les labels, on ne pourra pas décrire « facilement » -ne serait-ce que parce que c'est mission impossible- de la musique intelligente à ce point. (Non pas que j’aie la prétention d’écrire ma chronique aussi intelligemment qu’eux écrivent leurs compostions, loin de là!)

Il faudrait presque se dire – pour bien l’apprécier - que cette musique au fond n’en est pas. On pensera plus volontiers à des paysages, à  des couleurs, à des émotions pendant l’écoute, qu’à de la musique « brute ». Je ne sais pas si ca vous le fait, si c’est une généralité, mais c’est exactement le genre de truc qui me mets en transe, ou presque (lol je me fais presque peur à la relecture). En tout cas on n’écoute pas Genghis Tron comme on mange un sandwich. C’est typiquement ce genre de musique qui donne l’impression d’être une éponge jetée à l’eau. L’on explore, l’on s’imprègne d’un véritable monde virtuel (et l’on remarquera d’ailleurs que cette œuvre fait souvent penser a du « Nintendocore » dans ses structures), tout comme l’on perd son regard dans un tableau. Les ambiances sont intenses, les morceaux complexes et originaux. Oui, decidement ca fait quand meme assez penser à de la musique de jeux videos "old school".  Tout est recherche, voyage aussi. Si vous êtes un peu artiste, -ou même complètement- (ce qui n'est pas mon cas), et que vous cherchez quelque chose à vous mettre entre les oreilles comme source d’inspiration…n’hésitez plus: cet album est pour vous!

3 membres suffisent à créer les steppes, vallées et déserts, les montagnes, océans, et métropoles congestionnées de ce « Board Up The House ». C’en est difficile à croire tant c’est réaliste. Sans batteur, le groupe s’en tire merveilleusement bien avec une boite à rythme, et quand c’est programmé comme ca (dynamiques, polyrythmes), on ne peut pas dire que l’absence d’une « vraie personne » soit une perte. Toutes les programmations sont superbes. Ca change constamment (que ca soit d'un plan, d'un genre ou d'un instrument a l'autre), ca évolue, on sent que tout cela est vivant. Djious de djious, parfois on se demanderait même si les premières machines à se rebeller contre le genre humain ne seront pas celles qui dorment chaque soir dans leur studio de Pennsylvanie. (Et non pas en Californie, n’en déplaise a certains ^^)  A surveiller de très près donc, vous l’aurez compris…

Un album coup de cœur pour moi, un groupe coup de cœur! Ca vous ouvre les chakras pour mieux les ramoner à la pelleteuse! Je ne sais pas comment vous le dire autrement, si vous ne vous mettez pas cette tuerie dans le « mange-disque » -au passage je hais cette expression- vous allez passer à côté de quelque chose de formidable. Si certains se laissent pousser par des individus malveillants à prendre des drogues dures « parce qu’il faut tout essayer au moins une fois avant de mourir », alors je prends le pari de ressortir ce même argument pour tenter de vous convaincre. Les dégâts en moins. Le plaisir ici, je vous en fais la promesse, sera pour vous, et votre ami votre cher cerveau, indéniablement constructif.

RADIOHEAD - "In Rainbows"




S'il est bien une formation musicale qui a influencé ma vie, c'est bien celle de cinq gars d'Oxford plus connus sous le nom de Radiohead. Quoi de plus évident que d'écrire ma première cyber-pige sur leur dernier album.

In Rainbows, disponible depuis le 10 Octobre 2007, est le septième album studio du groupe. Et il est tout aussi inclassable que les précédents; Radiohead oscillant entre le rock, l'electro le plus pur et des vagues trip-hop...
Néanmoins, à la différence des autres, celui-ci possède une histoire qui a fait beaucoup de remous dans le monde de la musique.


Chronique d'un album pas comme les autres :
Nous sommes à la fin de l'été 2005, Radiohead vient de terminer la tournée du sombre et mystique Hail to the Thief; le groupe retourne alors en studio bosser de nouvelles compositions (travail déjà entamé en Février). Pour l'occasion, un blog (Dead Air Space) est fondé, il permettra de suivre pratiquement au jour le jour la progression de l'enregistrement. Jusqu'ici tout va bien. Oui mais...
Mais voila, si le temps compose les saisons, le groupe lui, ne compose rien de satisfaisant. Avril 2006 : Radiohead sort de studio sans leur nouvel album ! Panique chez les fans ! Les rumeurs les plus folles balayent la toile, et l'annonce de The Eraser, l'album solo de Thom Yorke (chanteur du groupe) vient mettre de l'huile sur le feu. Ce dernier tente de rassurer les fans en déclarant que son album solo ne fait qu'aller dans le prolongement du groupe et qu'en aucun cas il ne s'agit de casser le quintet.
1er Octobre 2007 : Jonny Greenwood (guitariste) annonce via leur blog que leur nouvel album sera disponible online sous dix jours et qu'il se nommera In Rainbows, mieux que ça, il rajoute que le prix de l'album sera laissé libre au jugement de chacun. Oui, vous pouviez vous le procurer pour 2€ comme pour mil ! L'annonce réveille l'industrie du disque. Car si l'on s'attendait bien à la sortie imminente de l'album (l'essentiel des pistes traînaient sur le Net depuis des mois, comme 15 Steps, Bodysnatchers, All I Need, Weird Fishes/Arpeggi, Jigsaw falling into Place -déjà jouée depuis quelques tournées sous le nom d'Open Pick- ainsi que Nude -datée de l'époque Ok Computer et remaniée pour l'occasion- ou enfin Videotape) oui, si l'on s'attendait à cet opus, ce qui nous a tous mis sur le derche, c'est de pouvoir en disposer quasi-gratuitement (hmmm, dois-je avouer à quel prix je l'ai payé ? ^^). Qui plus est, en proposant In Rainbows via leur blog, Radiohead se dédouanait définitivement d'EMI, son ancien label et prouvait au monde que des groupes notoires pouvaient très bien se passer de quiconque pour vendre leur musique différemment.
Histoire de permettre aux fans ne disposant pas d'Internet d'acquérir In Rainbows, un accord avec XL Recording donna la possibilité à tous de se faire plaisir chez son dealer de zik' favori dès Janvier 2008. On notera qu'une version double CD collector était disponible, toujours via Dead Air Space, livrée avec deux vinyles bonus et un packtage aux petits oignons pour le prix de 60€ (sic), le tout se revendant aujourd'hui pour 150€...
Ok Camarade, c'est bien beau tout ça, mais cet album, il donne quoi ?

Bien, ce double CD diffère beaucoup de ce que le groupe nous a déjà transmis par le passé. Tellement que la première écoute peut se révéler décevante tant il propose ses sonorités propres et, plus marquant, une ambiance calme. Si chaque album de Radiohead a sa propre atmosphère, celle de In Rainbows se distingue de mélodies très posées. Trop parfois, et l'on avouera sans mal que House of Cards, Videotape, Mk I et Down is the new up sont plus plates que posées. Seules Bodysnatchers, Jigsaw falling into Place et Bangers & Mash (chanson justifiant à elle seule l'achat du second CD : je me souviens encore de l'électrochoc qu'elle constitua au concert de Nîmes le 14 Juin) décollent véritablement. L'aspect serein, tranquille et hautement mélancolique peut être déstabilisant lorsqu'on a l'habitude, en écoutant un album de Radiohead, d'y trouver moult hits dès la première écoute. Effectivement, il faudra certainement revenir et revenir encore à celui-ci pour le savourer pleinement. J'espère aussi que vous ne comptez pas acheter In Rainbows en format CD unique car en ce cas, vous disposerez d'un album très court comparé aux anciens (seulement dix pistes). Un album un peu moins rock, plus mélodique et nostalgique; mais s'il est loin d'être mon album favori du groupe il en demeure un des meilleurs de l'année 2007, et sa place de n°1 aux charts anglais et français lors de sa sortie en CD ainsi que le succès de leur tournée mondiale (qui vient de s'achever) feront sûrement taire les plus dubitatifs fans de la première heure...



In Rainbows I.

1. 15 Steps 2. Bodysnatchers 3. Nude 4. Weird Fishes/Arpeggi 5. All I need 6. Faust Arp 7. Reckoner 8. House of Cards 9. Jigsaw falling into Place 10. Videotape

In Rainbows II.

1. Mk I 2. Down is the new up 3. Go slowly 4. Mk II 5. Last Flowers 6. Up on the Ladder 7. Bangers & Mash 8. Four Minutes Warming

ZERO ABSOLU - "Du vide au néant"


1-A l'aube, 2-Ouverture des sens, 3-Petite berceuse, 4-Tuer parfait, 5-Pas âgés clandestins, 6-Caresser l'indicible, 7-La sève ne coule plus, 8-Noir étincelant, 9-Plonger, 10-Il déserte, 11-Spectacle de clowns, 12-Vie d'ordure, 13- Réveil de bonheur, 14-Ode à la sérénité, 15-Au centre de la lune, 16-Artriste? 17-Folie douce, 18-Des parts de nous, 19-Les faits blessent, 20-Abuela, 21-Mourir de fin



"Du vide au néant" est le premier album de Zero Absolu, et plus précisément de Nak qui s'occupe à lui seul de la composition et des instruments. Sorti en septembre 2007, l'album jette un regard actuel sur la société et ses défauts. Zero Absolu propose ainsi un univers musical à la fois intimiste et violemment engagé. Derrière la beauté d'un rock aérien, le réquisitoire glacial contre l'égoïsme s'enclenche et se répète au fil des morceaux, pourtant sans en irriter l'oreille, celle-ci compatissant à ces criantes vérités. Dans Il déserte, on entend MiLKa dire que "la différence entre les gens est sûrement dans le temps qu'on y passe". Les non-dits éclatent en une poésie hybride, à la fois musicale et sociale. Le monde, les hommes et leur société, tout cet ensemble de corps physiques ou institutionnels est imparfait. Les silences ne sont plus. Tout en nous offrant un rock atmosphérique et expérimental, chaque morceau devient le micro de plusieurs voix, d'hommes, de femmes et même d'enfants. Le chant laisse souvent place aux monologues, aux discours, ou encore à la dispute d'un couple dans le morceau Spectacle de clowns. Les dangers de la télévision, l'indifférence, les lois égoïstes de chacun, le capitalisme, la solitude, "la prison intérieure" (Ode à la sérénité). La peur de l'avenir transparaît dans des discours incisifs, notamment sur l'échec de l'écologie, thème largement évoqué dans Vie d'ordure: "aucune espèce animale ou végétale, aucune race quelconque n'aura été aussi nuisible pour la nature. Seul l'homme est capable de détériorer son environnement pour son seul confort, et cela sans remords. Son égoïsme a atteint un point de non retour. Pourquoi l'écologie est-elle considérée comme la science des rêveurs et non des réalistes?". La voix de Nak résonne ainsi dans une forme de désespoir verbal que viennent appuyer les instruments aux notes planantes, melting pot de rock/electro, de piano parfois, de cacophonie ambiante due à la superposition de cris, de paroles, de murmures.

Intriguée par le nom de Zero Absolu, je découvris que le zéro absolu est le terme qui désigne la température la plus basse qui puisse exister dans l' univers. Nak fige les émotions dans des instants types, des temps de nostalgie, de haine, de déceptions et d'espoirs, et cela en partie grâce à la participation de nombreux guests. Sur les 21 morceaux de l'album, 11 ont été composés avec l'aide de personnes extérieures. Cette polyphonie verbale et instrumentale donne aux morceaux la puissance d'une violente berceuse, entre une musique d'ambiance et un micro rageur. La musique de Zero Absolu propose un choc entre la douceur prédominante des instruments et une puissante cacophonie d'arrière plan. "Du vide au néant" est un album rythmé par des morceaux envoûtants, une musique engagée derrière laquelle la voix sociale résonne sans cesse. Dans Pas âgés clandestins, on entend une jeune femme terminer le morceau par ces paroles: "La question que je te pose c'est si moi je te dis, j'ai de l'énergie à revendre mais je ne veux pas la vendre n'importe comment et je ne veux pas la vendre à n'importe qui, est-ce que tu me dis que je suis une adolescente irresponsable ou est-ce que tu me dis que je suis une adulte?". La musique n'est plus seulement émotion, elle est l'expression d'une voix libre, celle d'une prise de conscience qui pousse à accepter ce regard cynique mais réaliste sur le monde. Se prendre une claque n'a jamais fait de mal à personne tant que celle-ci sert à faire bouger les choses. J'aime beaucoup Zero Absolu, à écouter toutes ces voix bercées dans la musique, on croirait presque qu'il y a là assez de personnes pour le changer vraiment, le monde.
D'ailleurs, Zero Absolu fait un concert le vendredi 28 novembre au Phare à Lyon.

Charlotte Noailles.