Dans la catégorie des OVNIS musicaux, il faudra désormais compter avec EAPZ. Sur leur album "I Have Made My Bed In Darkness", point de points (justement) de repères pour ceux qui ne se sont toujours pas mis à ce style dé-stylé qu'est le métal expérimental. Et pour ceux qui s'y sont mis alors? Rassurez-vous: nos intéressés de Crown Point, Indiana, ne sont pas exempts d'influences.
L'album s'ouvre sur "Seeds", dont le début nous plonge dans un univers clairement gothique, voir industriel, mais qui n'est pas l'univers global de cet opus. Le départ est foudroyant, et c'est juste après une courte introduction hurlée typique de la nouvelle scène métal hardcore Américaine que le groupe nous dévoile un autre aspect de sa personnalité. Nous sommes à la 2eme minute de cet album, et Exotic Animal Petting Zoo a déjà mis les choses au point. La voix exploite son falsetto, le jeu se fait plus fin, les guitares plus jazzy. Ca vous rappelle quelque chose? Psykup, ou encore Fantômas diront d'autres, toujours est-il que les accélérations ultra-violentes succèdent sans fin visible a des freinages Jazz, ou parfois Post-rock (a la Sigur Rós).
Ce côté Sigur Rós justement, on le retrouve sur "A Balloon Enters Kyoto City", qui se révèle (après une intro dont le tout début n'est pas sans rappeler les Deftones) sous une forme un peu plus Dub certes, mais tout aussi planante. Cette chanson est un repos aérien bien mérité après le terrible "Hairdresser", cet océan de notes trébuchantes, de poussées dillingeresques, de changements de signatures de temps innombrables. Oui c'est vrai, on aura beaucoup d'occasions de penser a Psykup sur cet album, mais le groupe dépasse les Toulousains en cela qu'ils ajoutent sans complexe des éléments noise bien marqués (comme le démontrera un peu plus tard le magistral "Every Waking Moment"), ainsi que des petites touches southern rock.
Le groupe fait aussi usage massif de voix parlée à travers l'album, souvent modifiées pour sonner comme des transmissions radiophoniques (une coutume bien connue de la scène noise d'ailleurs). Sinon, la recette reste la même. On dira qu'ils n'ont rien inventé, et c'est absolument vrai. Les changements de styles à raison de 5-6 changements toutes les 8 secondes comme c'est parfois le cas ici, ces explosions musicales frénétiques rappellent bel et bien Fantômas. Ces parties Jazz funky sont également des marques de fabrique incontestables de bien de nouveaux groupes comme Capillary Action, ou de moins nouveaux comme les grands du mathrock Don Caballero. Les virées metalcore évoquent, elles, un énième émule de Dillinger Escape Plan. C'est la loi de la jungle: le premier arrivé est le premier servi. Mais tout cela est malgré tout vraiment très très bien ficelé. Ce n'est pas nouveau, mais c'est du bon. Et cela reste une approche très originale que seule une toute petite minorité de musiciens adopte autant à fond. Et aller, parce qu'il faut quand même le dire, ce groupe à vraiment le don de s'approprier la musique pleinement, aussi ne pensera-t-on pas au plagiat pendant l'écoute, mais bien à l'inspiration. S'il fallait prendre une image, on pourrait dire que le genre dans lequel opère (entre autres) Exotic Animal Petting Zoo est à la musique ce que la récente "fusion food" est à la gastronomie.
2 comments:
Que je me sens moisie à côté, chapeau cet article est riche sur tous les points. Le choix du groupe déjà, puis le contenu qui n'est pas mal non plus =) plutôt excellent même, et enfin une présentation aérée dont je devrais m'inspirer. A côté, mes articles sont massifs, de gros blocs de béton.
Par contre je revendique la supériorité de Psykup. Sans rancune, mais vais-je pousser le vice jusqu'à faire ma prochaine chronique sur le groupe toulousain? ^^ Non, faut pas pousser et puis il y a un groupe lillois dont je viens de savourer sauvagement l'EP qui passe d'abord.
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