Charlotte Noailles.
IMPURE WILHELMINA - "Prayers And Arsons"
1. Continental Breed, 2. Hide Your Anger, Give Your Mounth, 3. Poisons And Blandes, 4. The End Within, 5. Travel With The Night, 6. As We Kneel, 7. Cover Me With Kindness, 8. The Rope, 9. Drift
Si certains groupes perdent de leur saveur les albums passant, Impure Wilhelmina est encore loin de connaître le même sort. Sortie en 2008, la dernière galette intitulée « Prayers and Arsons » (« Prières et Incendies ») démontre qu'avec l'âge (le groupe existe depuis 1996) le son des quatre Suisses ne cesse de se bonifier. Après un EP et trois autres albums (Afraid en 2000, I Can't Believe I Was Born in July en 2003, L'Amour, La Mort, l'Enfance Perdue en 2005) « Prayers and Arsons » nous balance neuf nouveaux titres à savourer.
Le son chargé d'une mixture hardcore mêle le chant clair à son jumeau contraire, « screams screams! » sur un schéma mélodieux et soigné. Les arpèges subtils et incessants séparent définitivement Impure Wilhelmina des autres brutes du hardcore. La mélodie n'a jamais été aussi présente dans un groupe originellement taillé pour la cogne. Des nuages saupoudrés d'une suie épaisse. S'il y a bien un groupe de la scène hardcore qui fasse penser au clair-obscur c'est bien Impure Wilhelmina. Loin d'être le seul groupe de la lignée hardcore à incorporer avec soin la mélodie dans ses compositions, il est pourtant l'un des seuls qui s'autorise à explorer aléatoirement l'obscurité et la lumière, empêchant une classification mono-bloc de leur son. Tout comme Asidefromaday, Impure Wilhelmina propose un voyage dans les profondeurs avec une flopée de passages mélodieux dans les artères et le sombre comme arrière-plan, à la différence qu'Impure Wilhelmina laisse une place importante aux arpèges qui semblent être des rayons de lumière dans la tourmente. L'effet rendu est qu'on ne sait pas clairement où l'on va. Le premier titre, Continental Breed, est le passe-partout de l'album avec un chant clair qui nous fait tranquillement entrer dans une spirale bien huilée de guitares passées maîtres dans l'art de la virtuosité. Plutôt posé par rapport aux autres morceaux Continental Breed a l'avantage de démontrer le niveau musical du groupe.
L'inhabituel avec Impure Wilhelmina se trouve dans l'alliance d'arpèges harmonieux avec un hardcore mutant. Avec le deuxième morceau Hide your anger, give your mouth ça attaque sec et le groupe met tout sans dessus dessous pour notre plus grande surprise. On ne s'y attendait pas, puis au milieu du carnage une ballade pointe son nez avec un chant clair, une batterie adoucie et des accords à la Sunny Day Real Estate. Avec Drift on observe la symbiose entre des accords de post-rock (// avec To THE Vanishing Point ou Zero Absolu) ou même viscéralement rock (Matchbook Romance, Ghinzu) et des bêtes plus franches du collier comme Rorcal, Pain, Kehlvin, etc. Après le début mélodieux de Cover me with kindness on entend soudain une gratte typiquement death (Gojira es-tu là?) appuyé d'un solo aigu qui accélère le pouls et fait monter le son en puissance. Une belle dérouillée puis retour dans la zone douceur. Avec « Prayers and Arsons » la distortion n'est pas automatique, merci les gars! On évite ainsi l'album brouillon et 100% cru. On sent un véritable travail sur le son avec Drift et son chant clair dans un morceau entre l'apocalypse et une ambiance doom. Quant à The End Within le début fait clairement penser à Bohren § Der Club of Gore (doom), avec une once de pêche en plus et un screamo feutré en bonus. De nouveau on retrouve les arpèges en son clair tandis qu'une guitare plus grave fait de la répétition son leitmotiv. La batterie contenue empêche les autres instruments de s'emballer jusqu'à ce que Michael (chant) opte pour une voix saturée qui leur relâche la bride sans pour autant abandonner les mélodies aériennes qui se tissent en fond. Poisons and blades a tout de l'ambiance de Pillar de Sunny Day Real Estate mais lorsque Michael viendra se joindre à la partie on retrouvera les élans hardcore d'un As we kneel ou Hide your anger, give your mouth.
Pour conclure, Impure Wilhelmina, ce n'est pas du death, ni du doom, ni du metal post-hardcore mais un habile assemblage d'humeurs calmes et furieuses. Il est temps de donner à ce groupe toute la renommée qu'il mérite. « Prayers and Arsons », un album sous les bombes et dans les cieux.
Charlotte Noailles.
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